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Ah ! Si j’étais une marmotte !

Les affres redoutables du mal
cyclique tant redouté ont refait leur apparition
l’hiver.
A nouveau, un ciel bas déprime le plat pays. La froidure
bouscule, chasse,
assassine l’été.
Horreur !
Dieu que j’aimerais hiberner !
Me revoilà contraint, l’âme en peine, de ranger la montagne
dans mes dossiers
en attendant sagement le retour des hirondelles.
Et bien qu’il m’arrive d’y rêver en les consultant,
le bol d’air n’est pas pur et manque de griserie.
Hantise !
Alors, j’enfourche mon fidèle destrier et je pars conquérir
un de nos sommets altiers
perché à la cote 140 et, corsant l’affaire,
j’emprunte la face nord qui camoufle un raidillon pavé
garanti
vingt pour cent à coup sûr.
Quel exploit !
Entre-temps mon imagination vagabonde et s’égare dans le
massif du Grand Galibier
où en un tournemain Télégraphe, Galibier et Lautaret sont
escamotés.
Dérision !
Satisfaction éphémère.
Hélas !
Brusquement la dure réalité me secoue au sommet de la
grimpette,
chant du cygne du col de mon imagination.
Dieu que j’aimerais hiberner !
Ah ! Si j’étais une marmotte !
Automne 1985

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