José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

     
 

 
 

Où y a gégène, y a pas de plaisir !

     

Foi de cyclo-grimpeur, le Ballon de Servance (1158 m) est une ascension agréable mais de là à lui consacrer un papier, il y a de la marge.
Pente régulière (max. 7% dans l’ultime km), zone militaire avec une tour au sommet, quelques échappées sur le massif des Vosges ; en somme,  absolument rien de particulier.

Pour y accéder, j’ai fait le détour par le versant nord du col du Mont des Fourches (620 m) prolongé ensuite par une route en montagnes russes jusqu’au col des Croix (678 m) qui se trouve sur la ligne de partage des eaux entre la Mer du Nord et la Méditerranée.  Restait 500 m de dénivelée pour 10 km d’ascension via une route forestière en bon état.  Bref, pas de quoi fouetter un chat si ce n’est qu’au sommet se camoufle un bonus de 3 cols dans la verdure dont le Luthier (1104 m) que le guide Topo des 100 Cols catalogue de simple formalité.

Col de Luthier


Me voilà donc rendu à hauteur de l’aire de détente qui fait office de carrefour entre la tour du Ballon de Servance, le GR 59 et la descente sur Plancher-Bas.
Au préalable, je pousse une pointe jusqu’à la zone militaire et m’engage ensuite dans le GR 59 où se planque le Luthier.  Je n’ai jamais craché sur les bonus.  Bien vite le sentier, qui longe une clôture métallique, se réduit à une sente à peine perceptible qui est envahie par les herbes folles et les champs de myrtilles.  C’est plus du vélo, c’est de la marche à pied avec un poids mort.  Au bout de quelques centaines de mètres, le chemin franchit un petit ravin.  Tiens ! Tiens ! Au-dessus du raidillon, une porte métallique donne accès au pâtis qui s’étend derrière la clôture.  Tristement comme toujours, j’insiste néanmoins sur le GR jusqu’au col.  Là, moi y en avoir  ras le col et j’effectue un demi-tour à droite qui me renvoie vers le pâtis que je me suis mis en tête de traverser pour rejoindre l’aire de détente.  Tout roule à merveille !  Le pâturage est franchi à  vélo.  Jusque devant la clôture qui débite du jus à basse tension.  Il ne me reste plus qu’à la sauter.  La clôture bien entendu.  Mais mon clou est lourd et encombrant.  Enfin, il est pratiquement de l’autre côté des fils, …  Aïe !  J’essuie une décharge électrique.  Je lâche tout et la bécane bascule cul par dessus tête faisant un soleil parfait.  Je rampe sous la clôture.  Aïe !  Nouvelle décharge.  Je heurte le garde-boue.  Aïe !  Les mains dans les poches, j’examine minutieusement la situation.  Horreur !  Un fil électrique est coincé entre une manivelle et le rebord de la pédale.  Le vélo est électrifié.  Je tente de le dégager en utilisant les parties isolées.  Boum ! Une décharge de plus.  Boum ! Parce que je perds les pédales.  Aïe ! Parce que le levier du dérailleur me fait une touchette au genou.     Boum !  Aïe !  Après l’énième tentative pour en découdre avec ce foutu fil de fer et autant de décharges, je parviens à grand mal à dépêtrer  la bécane de cette maudite entrave.  Aïe ! Une petite dernière pour la route.
L’opération vient de durer une éternité.  Aussi, ne soyez pas étonné de ma fuite instantanée de ce haut lieu.  Surtout dans l’état où je me trouvais c’est à dire gonflé à bloc comme une pile électrique.

Ballon de Servance

Le Thillot

Moralité
Suivez mon exemple si vous voulez vous défoncer à l’électricité.  C’est moins cher que de l’epo et aussi efficace qu’un coup de fouet.  Quant au Ballon de Servance, il a fini par l’avoir son papier.

 

 

bruffaertsjo@skynet.be

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