José Bruffaerts       Ecrivain Public

   
 

 
 
 
 

Au pays de l’herbe à Nicot

 
 

 


Données Techniques
 

Longueur du trajet : 40 km
Dénivellation 
: 510 m  (2 longues côtes)

Temps de parcours : une demi-journée (arrêt compris)
Balisage
 : signalisation routière 
Etat des routes
 : excellent
Cotation
 : pas facile (entraînement conseillé)
Carte routière
 : Michelin 534 Régional, plis O 23
Accès
 : RN 95 – N935 – suivre  Beauraing – Gedinne - Bohan

Point de départ : Bohan
 

Infos Touristiques 

L’atelier – Musée du Tabac de la Semois
Rue du Tambour, 10
6838 – Corbion
Tél. 061 46 81 29
Fax 061 46 64 68
 

Syndicat d’Initiative de Bohan
Rue de France 176
5550 Bohan (Vresse-sur-Semois)

Tél. : +32 (0) 61 50 01 58

http://www.vresse-sur-semois.be

 



 

   
 

Itinéraire 

Bohan (185 m) – Col de la Bonne Idée (348 m) – Pussemange – Rogissart – Gespunsart – Neufmanil – Nouzonville (150 m) – Col du Loup (383 m) – Les Hautes-Rivières – Sorendal – Bohan (185 m).

Possibilité de rallonger la balade de 5 km en prenant la direction de Thilay au croisement du Col du Loup.  Cette variante  offre la particularité de faire un bout de chemin plus long en bordure de Semois.

 

Commentaires 

Quand on évoque la Vallée de la Semois, ce sont toujours les mêmes sites qui reviennent en mémoire à savoir la ville de Bouillon, le Tombeau du Géant  à Botassart et le point de vue sur Frahan depuis Rochehaut.  Cependant  la Semois, qui passe pour être une des plus belles et une des plus capricieuses rivières de l’Ardenne, possède un patrimoine qui va bien au-delà de ces quelques sites.  La région entière a su préserver son authenticité.  Ainsi, dans la basse vallée de la Semois, il est un type de construction en bois qui ne manquera pas d’attirer la curiosité du promeneur : le séchoir à tabac. C’est un hangar à claire-voie dans lequel le cultivateur suspendait les feuilles de tabac jusqu’au printemps pour les sécher, avant d’être hachées.

La culture du tabac est apparue en 1856 lorsque Joseph Pierret, un ancien instituteur, planta le tout premier are de plants de tabac de type Kentucky. Malgré un démarrage laborieux, notre instit persévéra dans son entreprise et, petit à petit, l’expérimentation devint un franc succès. La fièvre du tabac gagna la vallée de la Semois et les champs de colza et de chanvre furent délaissés au profit de l’herbe à Nicot.  Tant et bien qu’en 1910, le petit village de Bohan devint le plus grand producteur de tabac de la région. On y recense  65 hectares et 1.500.000 plants de tabac.

Le succès du tabac est facile à comprendre.  Le tabac est une plante de terre pauvre.  Il se prolifère sur un sol acide, léger, suffisamment profond et exempt de calcaire.  La qualité du type même de sol que l’on rencontre dans la vallée de la Semois.  Climat, exposition des cultures et humidité, tous les éléments convergent pour obtenir un développement optimal du tabac.  Meilleur marché et de meilleure qualité qu’en France, il n’était pas soumis aux lois d’une régie nationale et sera l’objet d’une fraude régulière entre la Belgique et la France.  La Semois devint donc « LA » terre à tabac.

Le déclin de la production s’amorça dès la fin de la deuxième guerre mondiale.  En cause, la concurrence étrangère, l’augmentation du prix de la main d’œuvre et les maladies de la plante. 

Actuellement, il reste encore trois planteurs fabricants qui continuent à produire du « Semois » pour fumeurs de pipe.  Ils perpétuent une tradition tant appréciée par les suceurs de bouffarde qui considèrent le tabac comme une certaine philosophie et un art de vivre.

Quant à la plupart des séchoirs à tabac, ils sont utilisés aujourd’hui comme réserves à bûches et font désormais partie intégrante du paysage de la Semois.

                                                                 ***

Une seconde particularité  surprendra le cycliste qui collectionne les côtes, les cols et les monts.  Alors que la carte Michelin renseigne clairement le col du Loup (383m), elle ne fait pas la moindre allusion au col de la Bonne Idée (341m) qui est une copie conforme du précédent.  Situés sur la même ligne de crête, distants de quelques kilomètres l’un de l’autre,  à des altitudes similaires et donnant accès aux mêmes vallées, quelles raisons le cartographe peut-il avancer pour reconnaître et matérialiser celui qui se trouve sur le territoire français et ignorer son vis-à-vis en terre belge ?  Nous voilà bien en présence d’un cas typique de deux poids deux mesures.  Loin de moi de ranimer une ancienne polémique mais il faut bien reconnaître qu’il y a là comme un défaut.

Quoi qu’il en soit, n’omettez pas de savourer une onctueuse  « Godefroy » à la Taverne de la Bonne Idée !  Cette opportunité ne se représentera pas au col du Loup.

***

La dernière observation est d’ordre étymologique.  Semois ou Semoy ?  Quid ?  Pourquoi le nom de la rivière est-il orthographié différemment suivant qu’elle coule en Belgique ou en France ? 

Sous l’occupation romaine, la rivière qui prend sa source au cœur de la ville d’Arlon,  était appelée la « Sesmara ». L’étymologie du nom vient du germanique « sach » (pointe, couteau) et « mari » (eau) c'est-à-dire « eau aux pierres comme des couteaux ».  En un millénaire, l’appellation de la rivière va successivement évolué de « Sesmara » en « Sesomiris », « Sesmarus », Sesmoys » et « Semoir ».

Et comme Arlon se trouve à un carrefour linguistique, les germanophones la rebaptisent à leur sauce soit en « Sesbach » et les wallons en « Simwès ».

D’autres auteurs vont encore plus loin dans leurs élucubrations toponymiques.  D’après le moteur de recherche « Crehangec », Semois serait issu de « Somoîra » composé de som (tranquille) et aar (rivière).  Quant au « Quid »,  il soutient que la Semois ou Semoy provient du nom de sa source : Som Oize, c'est-à-dire source de l’Oize ce qui pour ma part me paraît peu probable puisque l’Oise, qui prend sa source sur les hauteurs de Chimay, appartient au bassin hydrologique de la Seine.

Bref, c’est le pot à encre !  D’après l’étude toponymique, la France aurait opté pour la terminologie de « Sesmoys », qui remonte à l’époque de Pierre l’Ermite quand celui-ci prêchait la bonne parole dans la vallée en vue de la Première Croisade, et la Belgique pour « Semoir » qui est apparu un siècle plus tard.  Mais, rien n’est plus sûr.  Il va de soi par conséquent que toutes ces déductions sont à prendre au conditionnel et avec une grande prudence.

 
 

 bruffaertsjo@skynet.be

 
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