José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

 

 

 
 

Faire du vélo…
Faire du vélo, c’est l’espace d’un instant entendre claquer sa porte d’appartement, la laisser se refermer sur les draps du lit, les livres, les factures et tout le toutim routinier.  Tout ce qui fait le quotidien qui va en rester là, pour laisser le maître des lieux s’en aller à la rencontre de l’imprévisible.  Faire en sorte que sa vie devienne une chanson de geste. 

Faire du vélo, c’est confronter ses rêves à des réalités inédites. C’est voyager. C’est s’aventurer dans les couloirs de l’univers.

Ecrire, jouer avec les mots est une autre aventure tout aussi palpitante. 

Le comble de bonheur, c’est que les deux aventures se juxtaposent et se complètent de façon harmonieuse.  A croire que l’un n’existe que pour l’autre.  Quand les manivelles s’arrêtent de tourner, le sport cérébral prend le relais !  La dynamique qui tend vers un équilibre idéal : la tête et les jambes !  Ça n’est ti pas beau, çà !
Aussi suis-je en droit de me poser une question ?  Alors que la FFBC recense près de 7000 membres, la fédération pioche pour dénicher un Pierrot qui soit disposé à prêter sa plume pour écrire un mot !    Qu’est-ce qui les retient ?  D’où vient cette aversion à l’écriture ?  D’où provient cette allergie à l’encre et au papier ?


Une pédale à la patte

Il est vrai que toutes les sorties à vélo se ressemblent  mais avec un brin d’imagination…
Hélas !  Comme je suis en cale sèche à ce point de vue, je préfère passer le  relais à un randonneur chevronné. De préférence, un babelair de la FFBC.
Pour une fois, je vous propose un tout autre menu.  Une immersion totale dans l’aventure de l’écriture.  Si mon verbe sujet à compléments à l’heur de vous raser, c’est maintenant ou jamais qu’il vous faut switcher !  Je repasserai pour les compliments !
 

Voilà plus de 25 ans que je roule ma bosse à rédiger des bafouilles contro tutti i venti pour votre revue « CYCLO ».  Aussi, en tant que vieux briscard du circuit, souffrez, chers lecteurs, que « j’émiette » quelques considérations.  En toute simplicité, sans me pousser du col ! 

Quand je souligne que l’organe officiel de la FFBC s’est transformé au fil du temps en un véritable magazine qui n’a plus rien à envier aux professionnels de la presse, ça c’est une évidence que personne ne contestera.  En revanche, excepté quelques rares anciens, on compte très peu de renouveau parmi l’équipe rédactionnelle et autres plumitifs occasionnels.  Qu’est-ce qui rend la gent cyclo si frileuse à l’écriture ?  En quoi l’écriture est-elle si rébarbative ?  Pourquoi les cyclos renâclent-ils tant à coucher leurs impressions sur papier ?   Or, nous sommes tous d’accord pour dire que la mémoire se perd et que les écrits demeurent.  Il n’y a que le premier mot qui coûte !  De plus, je n’invente rien quand je souligne que l’expérience d’aligner des mots est une expérience extatique.
Je sais !  Je sais !  On me rétorquera que pour se faire, il faut du talent, des dispositions naturelles, voire du génie.  Ta… ta… ta …  Faux !  Archi-faux !
Quand un auteur nous dit qu’il a travaillé sous le coup de l’inspiration, il ment. Le génie est fait d’un pour cent d’inspiration et de quatre-vingt-dix-neuf pour cent de transpiration nous rappelle Thomas, le père de la lumière artificielle, à l’inverse probablement de son homonyme, l’apôtre du Christ.  Quand à Jean Anouilh, il dit carrément que l’inspiration est une farce que les poètes ont inventée pour se donner de l’importance.  Lamartine n’a-t-il pas écrit à propos d’un de ses célèbres poèmes qu’il était né d’un seul jet, par une nuit de tempête, dans un bois !  A sa mort, on retrouva les manuscrits avec les corrections et les variantes : c’était le poème peut-être le plus travaillé de la littérature française.

Je ne revendique pas la paternité de cette assertion.  En revanche, je sais que mon épanchement lyrique n’est absolument pas né en l’espace d’un éclair.  Il m’a fallu un bon bout de temps pour le rendre cohérent, le peaufiner, le fignoler.  Pour plaire, car c’est bien de cela qu’il s’agit, il faut biner, sarcler et cultiver l’art de la présentation.
Comme je suis bon prince, je vais vous refiler une série de ficelles qui se révèlent souvent pratiques dans la  rédaction d’un récit.  A noter toutefois que celles-ci ne sont pas exhaustives et qu’il y a autant d’écriture qu’il existe de prosateur.  En fait ma seule envie, c’est de vous donner envie d’écrire ! Qu’importe le style, la forme, le vocabulaire, l’orthographe !  L’important est de coucher ses impressions sur papier. Surtout si celles-ci ne respirent que du bon air.  Rien n’est plus infidèle que la mémoire !
Bis repetita, je sais !

Ecrire, c’est pénétrer dans une autre vie et encore une autre façon de voyager des heures entières sans se fatiguer.  Le prosateur se réfugie d’abord dans l’imaginaire.  Ce n’est que par la suite qu’il concrétise son rêve.
Par conséquent, faire du vélo, c’est se faire 2 fois plaisir : écrire et voyager !
Faux !  Mon syllogisme est faux parce que tous mes voyages à vélo font l’objet de 3 phases bien distinctes : la préparation d’un projet (l’imaginaire), l’exécution de la balade (le concret) et la rédaction d’un compte-rendu (le trait d’union entre l’imaginaire et le concret).  Un périple me donne donc une triple satisfaction, une triple joie, une triple évasion. N’oublions jamais que 3 sont les vertus théologales, 3 les langues sacrées, 3 les parties de l’âme, 3 les classes de créatures intellectuelles, anges, hommes et démons, 3 les sortes de son, virtus (force expressive), flatus (souffle), 3 les époques de l’histoire humaine, avant, pendant et après la Loi, etc.  Quelle merveilleuse harmonie de correspondances mystiques pour le plus sacré des nombres !  Celui-ci est de surcroît synonyme de sociabilité et de communication.

Il est important de faire une distinction entre les genres littéraires.  Un récit n’est pas un roman ni une chronique.  Il est dit que pour réussir  dans le romanesque, il faut la conjonction de 3 éléments : le talent, le travail et la chance.
Qu’est-ce que le talent ?  C’est une notion très controversée. Avoir du talent suppose d’abord  d’être passionné par ce que l’on fait.  Et par là consacrer beaucoup de temps à sa passion.  Le don est une chose mais c’est le travail acharné qui le transforme en talent.  Nous possédons tous des talents à des niveaux différents, à nous de les exploiter. Personnellement, je dirais aussi que c’est la faculté que possède une personne à résumer en 3 lignes une brique de 300 pages.

Dans un récit, l’auteur ne court pas après le même lièvre. Le roman permet de mettre en scène un autre soi, débarrassé des masques.  Le récit, quant à lui, ne fait pas appel à un héros fictif puisque c’est l’auteur qui se met en scène ou un de ses proches.  Pas question de « Captain Cap » ou du félon « Cobra » !   Ici, l’humilité est de rigueur sinon l’auteur risque de se faire taxer de bluffeur ou de fanfaron.
Dans un récit ce qui est à la fois intéressant, difficile et compliqué, c’est qu’il faut réinventer l’écriture.  J’admets que ça n’est pas toujours évident. Mais ça fait partie de l’aventure. Casser la monotonie du récit, voilà en quoi se résume le challenge.  Ainsi aurez-vous remarqué que dans la présente proposition, j’ai introduit un corps étranger, en l’occurrence le nombre 3 et ses multiples en numérologie.
Que ça plaise ou non, je m’en bats les pinceaux.  Il n’est pas question que les salades, que je vous ai mitonnées, soient du pipeau !

Terminons-en avec cette digression.  Tout papier comprend toujours 3 phases: s’informer, réfléchir et écrire.  « Eie ma vast » dirait pépé, mon respectable boempa !

Le titre est un élément auquel j’attache généralement beaucoup de soin. Les gens de plume s’accordent à dire que le titre est une clé interprétative.  Pour ma part, le but du titre est de mettre le lecteur au parfum en 3 mots.  Par exemple, mon carnet de route intitulé « La Corrèze sous une volée de coups » annonce clairement la couleur puisque tout le déroulé du compte rendu s’articule autour des variantes du mot « coup ». En ce qui concerne la présente réflexion, le titre m’est venu tout en pédalant.  D’abord, j’avais opté pour « un p’tit vélo dans la tête ».  Ensuite, de fil en aiguille, ç’là m’a fait songer à « un Fil à la Patte » devenu par extension « Une pédale à la patte ».

Une autre composante extrêmement importante !   L’histoire doit être complète avec un début, des péripéties et une fin.  Encore un 3 indécrottable.   L’attaque et la chute sont ponctuées par des formules qui invitent au voyage, imaginaire et concret.  Tout prosateur doit avoir le respect du lecteur. Et par conséquent, pas question de rédiger une histoire qui donne l’impression d’être bâclée.
Maintenant il arrive que je prenne des notes par routine sans but, sans finalité bien déterminée.  Souvent ce sont des bouts de phrase, des brimborions qui n’existent que parce qu’ils sont des garde-fous de ma mémoire.  Très curieusement, ces petits riens deviennent un patrimoine inestimable au bout d’une longue saison, au bout de la longue  passion.  Mais ici, il s’agit davantage d’un réflexe que d’écriture.
Personnellement, je reste persuadé qu’un cyclo individualiste, même replié à 100% sur lui-même, sera tenté de partager les impressions que lui procure le vélo.  Oralement ou de manière écrite. Pour autant qu’on lui en donne l’occasion, bien sûr !  La revue « CYCLO»  est justement la formule idéale pour partager cet excédent d’adrénaline.

Maintenant, écrire une bafouille, même dénuée de toute imagination, n’est pas toujours facile et ne le devient pas avec la pratique.  Au contraire de ce que pense un grand nombre de lecteurs. Avec chaque année qui passe, avec chaque récit et avec une notoriété  grandissante, le risque de blocage se renforce et le plumitif est loin de gagner en liberté.  Mais ça n’est pas votre problème !

Mon premier souci, avant de commencer toute rédaction, est de noter sur une feuille volante un maximum d’informations sur le pays, les habitants, les incidents de parcours, les rencontres, des anecdotes  bref je fais flèche de toutes les idées qui me passent par la tête. Je conserve religieusement un réservoir de fiches, de notes, de références, etc. que je considère comme mon trésor de guerre.
Ensuite, elles sont triées et mises dans l’ordre chronologique.  En attendant de vous
exposer une éventuelle « Fiat de Lux » !

Dans un premier temps, je proposerais au néophyte de composer des récits linéaires à l’aide de textes fluides et sobres utilisant des phrases courtes pour éviter les pièges grammaticaux. Faire simple et clair réclame beaucoup plus de travail que de faire grandiloquent, incompréhensible, et rempli de sous entendus que l'auteur est le seul à connaîtreNe prenez pas exemple sur ma prose car justement je suis un malade du discours au second degré et je suis convaincu que certaines de mes saillies sont parfois mal interprétées.  Quant à  mes envolées lyriques, oubliez-les parce que leurs queues sont trop longues.  Faire court sans raser les pâquerettes, voilà le challenge.  Etre soi et personne d’autre !  Et encore et toujours se mettre à la place du lecteur.

Pour rendre la narration complaisante, insérez un dialogue avec un autochtone.  Cela rend la lecture plus vivace, alerte.  Utilisez des procédés de proximité comme le dialogue direct tel que « Holà ! Qu’en pensez-vous ? ».  C’est un tuyau d’enfer qui paie !   

Même si le récit s’adresse en premier lieu au cyclotouriste, le public-cible peut être varié et élargi.  Il faut alors s’efforcer d’utiliser un vocabulaire simple.  Toutefois, quand le texte paraît dans une revue destinée à un lectorat ciblé comme « CYCLO », il est conseillé d’utiliser des mots ésotériques qui apportent du piment et un souffle qui sont indispensables pour garder le lecteur en haleine. Surtout, évitez les redites et les doublons.

Quant aux flashbacks, c’est une technique à laquelle j’aurais recours seulement plus tard  à des fins humoristiques, poétiques, etc.  Lorsqu’une routine est déjà bien installée.

Un des problèmes majeurs de l'écriture, c'est qu’on est seul, tout seul devant sa feuille. 

Si on n’a rien à se dire à soi-même, on n’a rien à dire aux autres et l'écriture ne va que nous faire mesurer un vide intérieur.  Une toute petite envie est donc indispensable.  C’est peu mais ça suffit pour se mettre à raconter, à décliner le vélo à tous les temps.

Mais il se peut que cette envie soit parfois compliquée à reproduire sur papier.  A qui la faute ?  Inutile de chercher midi à quatorze heures !  De nos jours, l’école enseigne l’orthographe, la conjugaison, la syntaxe et le vocabulaire sans intention réelle d’en faire un moyen de communication. Mais là n’est pas mon propos, c’est un autre débat !  Délicat !

Les livres parlent toujours d’autres livres.  Chaque histoire raconte une histoire déjà racontée.  Ça Homère le chantait déjà à son époque.  Il en va de même en ce qui concerne les récits. Le roman ou la nouvelle sont une affaire de cosmologie c'est-à-dire que pour raconter, il faut avant tout se construire un monde, le plus meublé possible, jusque dans les moindres détails.  Ça n’est absolument pas le cas du récit, qui la plupart du temps, ne fait que relater une succession de faits et d’impressions.  C’est la raison pour laquelle j’essaye pour ma part de mettre l’accent sur l’originalité et le rythme de la narration.
Une histoire doit apporter quelque chose de nouveau. Si ce que vous faites est dans la prolongation de tel ou tel ou ressemble à tel ou tel ce n'est pas la peine de le faire. C’est du réchauffé !  En modifier la sauce, c’est innové ! Il faut être le plus original possible dans la forme et dans le fond. Le style doit être neuf, désopilant. En un mot éclatez-vous !

D’aucuns comparent l’écriture à de l’artisanat.  Peut-être, pourquoi pas ?  Puisqu’il faut avoir le goût à ça, puis l’entretenir régulièrement. En effet, on apprend à écrire en écrivant, comme on apprend à lire en lisant. La clé du succès consiste à écrire au kilomètre et lire des  bibliothèques entières. Chaque livre va vous enseigner un petit truc nouveau dans la manière de situer les transitions, de poser éventuellement un dialogue, de créer une digression.
Ensuite, le rythme est, pour moi, un élément majeur dans l’écriture.  Le rythme de la phrase, le rythme du récit doit capter l’attention du lecteur en permanence.  Si on ne règle pas le tempo dès le départ, on finit par s’essouffler
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Mais…

Au bout de 33 balades, j’avais peur d’avoir fait le tour de la question.  Normal puisque 33 correspond à l’âge du Christ qui est celui du plein développement.  L’âge parfait.  A cette époque, j’avais déjà eu l’occasion d’expérimenter la méthode de Jean Bodin, grand Inquisiteur.  Celle pour soutirer les aveux des sorciers.  Oh ! Pas question ici de roue, de poire d’angoisse, de brodequins ou d’arrachage de chair.  Non !  Toutes ces techniques ne sont que de l’enfantillage en comparaison d’une formule douce en apparence : la privation de sommeil.
En effet, avec le temps, je devenais de plus en plus perfectionniste, et le perfectionnisme est source d’insomnie. Une chance que je le sois, insomniaque, parce que je me suis aperçu que je n’étais pas au bout de mes recommandations.

J’apprécie personnellement quand l’auteur termine la rédaction de son récit par un paragraphe d’accroche.  Un dernier clin d’œil au lecteur !
L’ultime opération se termine toujours par un toilettage du texte : précision du vocabulaire, vérification de la cohérence et de la lisibilité (syntaxe, orthographe, ponctuation, harmonie).
Il y a plusieurs manières de raconter un récit. Roman-photo, texte descriptif, texte narratif, etc. peu importe, mais un périple se raconte toujours à l’aide d’un croquis, d’une carte et des photos.  Le récit ne vit que par les couleurs, les lumières, les odeurs que lui insuffle le prosateur.

Et puis que dire quand on arrive à la 333me balade, il n’y a plus de fin.  Par conséquent pas de commencement non plus. Le 3 de tête se confond avec le 3 de la lanterne rouge.  Là, on patauge en plein mystère de la métaphysique chrétienne.  Maintenant celui qui veut s’identifier à « une  Bête de Vélo » doublera la mise c’est à dire 666  qui représente le chiffre de celui qui veut se placer au-dessus de TOUT. Et du coup nous voilà au top du top !  Est-ce bien sûr ?
Il ne faut jamais avoir peur de tout recommencer.  D’autant plus que si le récit est mal ficelé et qu’il ne nous plaît pas, il n’y a aucune chance que cela passionne le lecteur.  N’oublions pas que beaucoup de lecteurs ont souvent des journées fatigantes.  La lecture doit donc être une détente.  Aussi faut-il tenir le lecteur en haleine par tous les moyens.

Quand je vous disais, il y a un instant à peine, que l’appétit de l’écriture venait en écrivant, ça ne fait pas l’ombre d’un doute.  Preuve à l’appui, c’est qu’à partir de la proposition « vélo et écriture = même combat », me voilà contraint de mettre un frein à mon laïus. Sans le moindre souci, je pourrais doubler, voire tripler le volume de ma prose en évoquant quelques interrogations personnelles telles que quand, comment et pourquoi me suis-je mis à écrire.  Et hop ! Le carrousel se remet en route jusqu’à la nuit du temps présent.  Le temps présent ?  Oh zut !  Encore un lièvre que j’avais omis de soulever jusqu’ici.  Attention à la concordance des temps.  Personnellement je préfère le dynamisme du présent au passé.  Mais ça, c’est au choix du client.
Comme vous voyez, je ne fais pas encore une obsession de la crampe de la main.  D’autant que pour moi, il n’y a que le temps présent qui soit idéal pour s’exprimer.

Les esprits chagrins prôneront qu’un mode d’emploi eût été plus efficace que ma prose au kilomètre. Ils ont tout à fait raison.  Mais en commençant ce message, il n’était pas dans mon intention de rédiger un condensé de conseils.  D’ailleurs, je n’ai jamais eu envie d’écrire un vade-mecum de l’écriture. Ça fait trop pompeux et prétentieux, surtout pour un linguiste pas trop comme il faut. De plus, je ne considère pas la rédaction d’un mode d’emploi comme de l’écriture.  Disons que c’est tout au plus un procédé de communication court et bien.  Aussi était-ce cette tartine indigeste ou rien, nada, que dalle !

Et un jour survient fatalement le nombre 3333.    C'est-à-dire 2 paires de 33.    Mais sans le risque d’une double insomnie puisque cette fois-ci le nombre va me donner l’occasion de chuter en beauté.  En effet, je terminerai mon exposé par une excellente citation que j’ai empruntée à Winston Churchill. « L’écriture est une aventure.  Au début c’est un jeu, puis une amante, ensuite c’est un maître et ça devient un tyran. »

Ce bon mot résume non seulement mon baratin mais permet aussi de tirer une foule d’enseignements comme :
- le récit n’est pas seulement l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture.
- l’écriture comme le vélo ne doit pas déborder les limites du jeu sinon la notion de plaisir se métamorphose en un sujet obsessionnel,  maladif et traumatisant. Et le jeu n’en vaut plus la chandelle.
- que la reine mère et la petite reine fassent place à une maîtresse supplémentaire ne signifie pas que cela échouera nécessairement en un trio infernal.
- quant au maître ou au tyran, ça suffit !  Je pense que nous sommes déjà suffisamment servi depuis la chute d’Adam qui nous  impose de bosser jusqu’à 65 piges pour gagner notre croûte.  Le règne des maîtres et seigneurs est révolu !
- une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place, comme dit mon voisin.


Et enfin !  Si jamais ma prose n’a pas convaincu, vous avez le choix entre le bureau des doléances qui est à votre disposition tous les 36 du mois de 9 à 18h. ou tourner ad vitam sur les 333,33 mètres que développe le vélodrome de Roubaix.

(Edito du CYCLO 2010/4)


bruffaertsjo@skynet.be

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