José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

     
 

 
 

 Le col des Rhètes

 

Nul n’est prophète dans son pays. Voilà un proverbe qui colle à la perfection au col des Rhètes.

Qui a déjà entendu parler du Septimer ? Ce col muletier qui culmine bien au-dessus de la Maloja et qui, de nos jours, est tombé dans les oubliettes de l’histoire. Or, Dieu sait combien de soldats, de pèlerins, de voyageurs et de marchands ont transité par-là puisqu’il était avec le Julierpass le passage obligé entre le Val Bregaglia, l’Oberengadin et Coire (ou Chur). Aujourd’hui, c’est encore la première ville d’importance rhénane au-delà des Alpes rhétiques.
Depuis les époques les plus reculées, il y eut des voyageurs dans les Alpes. Sous l’Empire romain, 4 cols étaient régulièrement fréquentés : le San Bernardino (2066m), le Splügen (2118m), le Julier (2284m) et le Septimer (2310m).
Située à proximité de la ligne de partage des eaux des trois mers, la route du Septimer est restée pratiquement intacte en certains endroits du versant méridional et ce, après deux millénaires. La route du Septimer était de loin la plus fréquentée durant l’époque romaine et au début du Moyen Age.
Cette voie fut construite dans toutes les règles de l’art à savoir que les ingénieurs romains firent enfoncer dans le sol des plaques de granit à la verticale, ajustées avec autant de précision que ne le furent jadis les blocs de pierre des pyramides. En son milieu, la route était bombée pour permettre l’écoulement des eaux.
Quant au revêtement, il était composé de sable et de gravier durcis par piétinement.
Les Romains y bâtirent un hospice qui permet d’affirmer aujourd’hui un trafic intense pour l’époque.

En fait, la route des Rhètes, dont la variante était le col du Julier, fut construite sur l’ordre de l’empereur Auguste, pour relier les garnisons du nord de l’Italie à celles de la vallée du Rhin où les peuplades avaient tendance à se révolter très régulièrement.
Cette route, qui permettait la jonction entre Côme et Coire, allait asseoir une fois pour toute la domination romaine sur les Alpes Centrales jusqu’au bassin du Danube mais bien avant les Romains, des peuplades dont les Celtes, avaient emprunté cette voie pour émigrer en Italie.
En l’an mil quatre cents, l’état de la route du Septimer fut amélioré permettant le passage des voitures d’une charge utile de 360 kg. La première route commerciale venait de naître. Dès ce moment, il fut nécessaire d’organiser le trafic. Quatre corporations, qui se donnèrent le nom de « Portes », monopolisaient le transport entre Coire et Chiavenna ; elles encaissaient les péages (droit de passage) et entretenaient les routes des cols.
Toutefois l’essor de l’automobile précipita le Septimer dans les profondeurs de l’oubli au profit de son voisin le Julierpass.

Le lac de Silvaplana

Le lac de Sils

La promenade prend son origine dans le village de Casaccia (1456 m) qui se trouve sur la route qui relie Chiavenna (333m) au nord du lac de Côme à St Moritz dans la Haute Engadine. Le col est atteint en remontant le Val Morozzo où l’on bascule dans le Val Cavreccia vers Bivio (1769m). Pour les adeptes des boucles, il est possible de rejoindre le point de départ en gravissant les pentes du Julierpass et revenir par le lac de Silvaplana et Maloja. Un chemin alternatif existe, en prenant à droite au-delà du Septimer dans le val Cavreccia, en direction du col de Lunghin (2645m) et son lac où l’Inn prend sa source dont les eaux se déversent dans trois bassins : la Mer Noire, la Mer du Nord et la Méditerranée. Au gré d’une descente régulière, le sentier aboutit dans le hameau de Pila où l’on rejoint Maloja par une voie carrossable. Ensuite, retour sur Casaccia via le col de la Maloja (1815m).

 

Eté 1989

 

bruffaertsjo@skynet.be

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