José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

 

 

 
 

 
 

Histoire de Dingos

 

 « Fais gaffe » beugla une voix venant de l’arrière. Au même moment, surgissant du diable Vauvert, un berger allemand, animé d’une humeur chagrine, me remonta. De toute évidence, il ne faisait pas partie d’une troupe qui prêche la paix dans le monde. La gamelle fut évitée de justesse. Grâce à une petite chaleur qui me fit plonger le nez dans le guidon. Que faire d’autre pour échapper au fauve ?

Evénement courant, me direz-vous ! Hélas, pour de nombreux cyclos, cette scène se transforme très souvent en épopée, voire en cauchemar. Ed. Dionne, V.M.D., cycliste-vétérinaire et citoyen américain, soutient mordicus que le mouvement excite beaucoup plus la hargne des clébards que la mécanique elle-même.
Or, comme il n’existe aucune formule pour échapper à cette triste rubrique des chiens écrasés, je vous livre quelques tuyaux plus ou moins efficaces qui vous aideront probablement à préserver vos jambonneaux.

La réaction spontanée est de piquer un sprint. Cette méthode simpliste réussit souvent parce qu’un chien reste pratiquement toujours en dedans des limites du territoire qu’il s’est fixé. Cependant si vous accusez, juste à ce moment-là, un coup de bambou ou vous coincez dans un raidar, oubliez vite cette méthode peu réaliste qui incitera le croqueur de jarrets à se défoncer pour s’offrir un plateau de gambettes. Il en va de même si votre monture est une vieille charrue fatiguée et votre trublion, l’héritier d’un couraillon.

Un autre réflexe courant consiste à lancer un grand coup de tatane dans les flancs de la bestiole. Si le résultat est peu probant, il vous reste la pompe pour vous initier à l’art du « kendo ». Cette méthode appelée « canine polo » dans certains milieux ésotériques américains, relève toutefois plus d’un défi et engage surtout le clebs à maintenir la pression. Cette tactique défensive est à déconseiller puisque le risque de ramasser une pelle est permanent.

Qu’à cela ne tienne, il existe encore d’autres moyens de défense.



L’avantage du cyclo : il faut noter qu’un chien n’attaque jamais de front. Il s’en prend toujours à la roue arrière de la bicyclette. Donc le risque de chuter sur l’agresseur est pratiquement nul.

La méthode la plus simple de dissuader la sale bête est finalement de lui hurler un ordre tel que « couché ou « à la maison ». L’ordre doit être répété sur un ton sec et autoritaire. De préférence sans appréhension, ni pétoche. Le chien est très sensible à ce genre d’effluve. Alors seulement, avec un brin de réussite, il est possible que cela lui coupe les appétits.
Et si le message ne passe pas ? Reste encore une chance. Aspergez la cafetière de la bébête avec l’eau de votre bidon. Cela jettera un froid entre elle et vous.

Autre moyen de défense : le spray « anti-agression », pour autant qu’il soit bien appliqué, irrite le museau et les yeux du cerbère quoique des labos minimisent les effets de ce procédé qu’ils estiment temporaires et superficiels.
Et si malgré tout, l’efficacité de toutes ces méthodes s’avère aléatoire, il ne vous reste plus qu’à rendre les honneurs du pied et faire de votre « petite reine » le bouclier de vos frayeurs.

 

bruffaertsjo@skynet.be

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