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Histoire de Dingos
« Fais gaffe » beugla
une voix venant de l’arrière. Au même moment, surgissant du
diable Vauvert, un berger allemand, animé d’une humeur
chagrine, me remonta. De toute évidence, il ne faisait pas
partie d’une troupe qui prêche la paix dans le monde. La
gamelle fut évitée de justesse. Grâce à une petite chaleur
qui me fit plonger le nez dans le guidon. Que faire d’autre
pour échapper au fauve ?
Evénement courant, me direz-vous ! Hélas, pour de nombreux
cyclos, cette scène se transforme très souvent en épopée,
voire en cauchemar. Ed. Dionne, V.M.D., cycliste-vétérinaire
et citoyen américain, soutient mordicus que le mouvement
excite beaucoup plus la hargne des clébards que la mécanique
elle-même.
Or, comme il n’existe aucune formule pour échapper à cette
triste rubrique des chiens écrasés, je vous livre quelques
tuyaux plus ou moins efficaces qui vous aideront
probablement à préserver vos jambonneaux.
La réaction spontanée est de piquer un sprint.
Cette méthode simpliste réussit souvent parce qu’un chien
reste pratiquement toujours en dedans des limites du
territoire qu’il s’est fixé. Cependant si vous accusez,
juste à ce moment-là, un coup de bambou ou vous coincez dans
un raidar, oubliez vite cette méthode peu réaliste qui
incitera le croqueur de jarrets à se défoncer pour s’offrir
un plateau de gambettes. Il en va de même si votre monture
est une vieille charrue fatiguée et votre trublion,
l’héritier d’un couraillon.
Un autre réflexe courant consiste à lancer un grand coup de
tatane dans les flancs de la bestiole. Si le résultat est
peu probant, il vous reste la pompe pour vous initier à
l’art du « kendo ». Cette méthode appelée « canine polo »
dans certains milieux ésotériques américains, relève
toutefois plus d’un défi et engage surtout le clebs à
maintenir la pression. Cette tactique défensive est à
déconseiller puisque le risque de ramasser une pelle est
permanent.
Qu’à cela ne tienne, il existe encore d’autres moyens de
défense.

L’avantage du cyclo : il faut noter qu’un chien n’attaque
jamais de front. Il s’en prend toujours à la roue arrière de
la bicyclette. Donc le risque de chuter sur l’agresseur est
pratiquement nul.
La méthode la plus simple de dissuader la sale bête est
finalement de lui hurler un ordre tel que « couché ou « à la
maison ». L’ordre doit être répété sur un ton sec et
autoritaire. De préférence sans appréhension, ni pétoche. Le
chien est très sensible à ce genre d’effluve. Alors
seulement, avec un brin de réussite, il est possible que
cela lui coupe les appétits.
Et si le message ne passe pas ? Reste encore une chance.
Aspergez la cafetière de la bébête avec l’eau de votre
bidon. Cela jettera un froid entre elle et vous.
Autre moyen de défense : le spray « anti-agression », pour
autant qu’il soit bien appliqué, irrite le museau et les
yeux du cerbère quoique des labos minimisent les effets de
ce procédé qu’ils estiment temporaires et superficiels.
Et si malgré tout, l’efficacité de toutes ces méthodes
s’avère aléatoire, il ne vous reste plus qu’à rendre les
honneurs du pied et faire de votre « petite reine » le
bouclier de vos frayeurs.
bruffaertsjo@skynet.be

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