José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

     
 

 
 

                     Les formules d’hébergement en France



Il en existe une multitude qui varient en fonction d’une foule de critères : budget, accueil, service, confort, etc. Cela va de la belle étoile au camping en passant par la chambre d’hôte (la table d’hôte), la ferme auberge, le gîte rural, l’auberge refuge, le centre de séjour, l’auberge de vacances, l’auberge de jeunesse, le gîte d’étape, l’auberge, le foyer, l’hôtel. Et cette énumération n’a pas la prétention d’être exhaustive. Je m’y conformerai néanmoins parce qu’elle regroupe les quatre formules les plus courantes.

1. Gratis

La belle étoile, les bancs publics, la salle des pas perdus des gares, les aubettes, les abri-bus, les bâtiments désaffectés et autres abris de fortune ne nécessitent pas de commentaires. Je tiens à énoncer cette formule parce qu’il ne faut jamais négliger cette éventualité. En effet, le randonneur solitaire n’est jamais à l’abri d'une désagréable surprise qui peut le contraindre à l’arrêt contre son gré. Dernièrement, je lisais le compte-rendu d’un randonneur qui avait élu temporairement résidence dans une scierie où il n’avait eu que l’embarras du choix pour installer ses quartiers. Il opta pour un tas de planches bien emballées qui lui servirent à la fois de table et de sommier.
C’est la raison qui justifie la présence permanente de la couverture de détresse dans mes bagages.

2. Bon marché

a. le camping et le camping en ferme d’accueil.

Le camping : pas de commentaires. C’est supposé connu de tout un chacun.
Le camping en ferme d’accueil est reconnu par la Fédération Française de Camping et de Caravaning qui n’attribue le label qu’aux terrains fonctionnant régulièrement dans le cadre réglementaire, soit disposant d’un emplacement aménagé pour l’accueil de vingt personnes et d’un bloc sanitaire complet. La charte implique que l’agriculteur fournisse des produits de la ferme et remette les documentations touristiques du terroir. Bref, l’agriculteur s’engage à assurer aux campeurs un séjour agréable.

b. Le centre de séjour, l’auberge de vacances et l’auberge de jeunesse sont en réalité des variantes pratiquant toutes une philosophie d’accueil, d’hébergement et une politique de prix plus ou moins identiques.

Dans un centre de séjour (ex. Lagrange), le randonneur devra s’accommoder quelques fois de villégiateurs issus de toutes les couches de la société. Il lui arrivera peut-être même de découvrir, un jour au petit matin, un olibrius roupillant à poings fermés sous une pile de cartons devant la porte d’entrée.

c. L’auberge refuge peut être assimilée au gîte d’étape. Cette rubrique fera l’objet d’un commentaire plus fouillé dans un paragraphe ultérieur.

A la différence des gîtes d’étape, de nombreuses fermes auberges ne sont ouvertes que le week-end, voire même pour un service le samedi soir ou le dimanche midi ; d’autres fonctionnent plusieurs jours par semaine, notamment en période touristique. Certaines accueillent les touristes de passage, d’autres n’acceptent des hôtes que sur rendez-vous, le menu pouvant être arrêté dès la réservation.

3. Moyen à plus chic

J’associe la chambre d’hôte (C.H.) et la ferme auberge (F.A.) à l’hôtel quoiqu’il y ait des différences majeures.

La chambre d’hôte est une chambre aménagée et équipée chez des particuliers en vue d’accueillir des touristes itinérants et de leur offrir le coucher et le petit déjeuner.
La formule n’est pas toujours évidente pour le randonneur qui désire se mettre en route avant le lever du jour.

Chambre d'hôte

Chateau "La Gabelle à Ferrassières"

C.H. et F.A. : le nombre de chambres est souvent limité. Une réservation est donc  souhaitable.
Au sens large du terme, on peut comparer la C.H. au « Bed & Breakfast » britan-
nique.
L’accueil est, en général, moins chaleureux à l’hôtel que chez l’habitant.
En outre, dans les F.A., les hôtes offrent souvent leurs propres produits naturels.
Quant aux prix, ils sont similaires car la plupart du temps les prix
des chambres d’hôtes sont régis par les gîtes de France.

L’hôtel, quant à lui, présente ses avantages et ses inconvénients que tout un chacun connaît et sur lesquels je ne m’étendrai pas.

La table d’hôte (=resto), qui pratique les prix des auberges de campagne, est une formule agréable pour la pause du midi. Elle permet de goûter la cuisine locale à la table familiale.
La formule est à retenir. Le randonneur est toujours à la merci d’une surprise. D’un imprévu qui en fera le piment de la journée. Il faut très peu parfois pour que le moral refasse surface.

Ainsi, il me souvient…
« Haute Provence. Vallée de l’Ouvèze. La descente du col Peyruergue nous avait glacé les os. Nous cherchons refuge dans un snack. Un café chaud et deux pulls supplémentaires n’arrivent pas à nous dégeler. En réalité, il n’y a que moi qui suis frigorifié. La jeune serveuse nous tuyaute une table d’hôte située à Montauban au pied du col de Perty où nous pourrons éventuellement nous refaire une petite santé.

Rendu au lieu dit, Dominique a tôt fait de repérer le bouibouis. Un souk, grand comme un mouchoir de poche, qui renferme tous les trésors de la caverne d’Ali Baba. Une vaste annexe, probablement une ancienne grange, fait office de salle de réception, de banquet, d’exposition et de remise. « Au Clocheton » que ça s’appelle. Jacky nous invite à entrer quoique ce ne soit pas encore l’heure de l’apéro. Jacky, c’est le chef de famille, le maître de céans, le maître queux, le garçon et le plongeur. Il cumule toutes les fonctions en livrée de cuistot sur un short bleu à la Mc Enroe. Pas de toque. Il ne s’en couronne qu’à l’occasion des cérémonies.
Sur ces entrefaites survient sa maman. Jacky s’en retourne activer ses fourneaux et elle, voyant ma mine défaite, s’applique à allumer un poêle à bois. Dix minutes plus tard, une agréable flambée envahit la pièce et nous engage à sécher nos frusques tout en sirotant un petit vin du pays qui nous réchauffe le sang.
Sur le coup de midi, toute la smala de Jacky fait son apparition dans la salle à manger. Le pépé, la mémé, madame Jacky, le fiston et le chef coq en personne nous invitent à prendre place à leurs côtés. Les plats défilent au rythme d’un débat socio-touristico-culturel orchestré tambour battant par le chef. Le journal parlé de la « Une » n’est qu’un pâle cancan de quartier par rapport à son débit. Lui seul cause. Heureusement, le vin coule à flots. Nos déboires matinaux se sont évanouis. Il ne nous reste plus qu’à prendre la route… »


 
4. Aléatoire et onéreux

a. Les gîtes ruraux

Le risque de refus d’hébergement pour une nuitée est grand.
Les gîtes sont souvent des demeures rurales traditionnelles  qui sont mises en location à une famille ou à un groupe pour une durée déterminée. L’accueil est assuré par les propriétaires. En général, le prix n’est pas donné. Les gîtes sont classés en épis. La formule d’hébergement n’étant pas appropriée pour un randonneur, elle n’est à prendre en considération qu’en ultime nécessité.Et encore!


 

b. Les Logis de France

Ce n’est pas parce que ces hôtels ont été agréés par la Confrérie des Logis de France qu’automatiquement le logeur ait la certitude d’un service qui ne souffre d’aucun défaut.
Si les chambres sont la plupart du temps décentes, il arrive que des hôteliers oublient votre réservation. En outre, si le patron fait appel à un maître queux qui n’apprécie que la nouvelle cuisine, il est à conseiller au randonneur de dévaliser au préalable une épicerie en cas d’une éventuelle petite faim.

Et cerise sur le gâteau, la note est souvent salée.


Dès lors, en fonction des possibilités énumérées, quelle est la formule d’hébergement idéale pour un randonneur ?

J’élimine le camping pour trois raisons majeures.

1. La pratique du camping est à prendre en considération quand les autres moyens d’hébergement sont nuls ou inefficaces. De toute façon, elle n’est pas la formule idéale pour les rhumatisants. Ce ne sont pas eux qui me contrediront !


2. Dans certains cas, un surplus de poids occasionné par le paquetage peut s’avérer un handicap non négligeable. Surtout en haute montagne.

3. Enfin, la raison qui m’est sensible :

Cycler une matinée, voire une journée entière sous la pluie n’est pas agréable. Remettre le couvert le lendemain, ne l’est pas davantage. Mais c’est un risque que le randonneur itinérant prend en connaissance de cause.
Par contre, si en plus, il faut passer la nuit sous une tente dans l’humidité sans la possibilité de sécher le linge mouillé, je préfère jeter l’éponge et me recycler dans les sports nautiques.



 

Auberge de jeunesse du Mont Dore
 

Quant à l’auberge de jeunesse, c’est un mode d’hébergement intéressant surtout pour le randonneur qui aspire à se refaire une santé durant une courte halte. Excepté la saison estivale et les congés scolaires, il est pratiquement toujours assuré d’avoir une place disponible. Un préalable néanmoins : il faut aimer ( ou supporter) la vie collective puisqu’il est rare de trouver une chambre de moins de six lits. La batterie de cuisine fait penser à la tambouille militaire. Les repas sont pris à des heures fixes dans un réfectoire comparable en tous points à celui d’un pensionnat ou d’une cantine.
La plupart des auberges de jeunesse sont situées dans les agglomérations importantes. Souvent, sinon toujours, on peut y louer des draps.
Une certitude ! Il n’y a jamais de surprise au point de vue des prix. Cette dernière observation est aussi valable pour les gîtes d’étape.
Un inconvénient ! Si la chambre doit être partagée en compagnie d’une bande de joyeux noceurs…

Reste le gîte d’étape.

Je préconise cette formule qui répond le mieux, à mon avis, aux besoins du randonneur. En général, les gîtes sont retirés des grands axes et bénéficient d’un environnement paisible. Les prix sont rarement surfaits. A peine plus onéreux qu’une place dans un camping gardé. En général, le randonneur dispose d’une batterie de cuisine équipée complète, de sanitaires plus ou moins convenables, d’une salle de séjour, d’une remise pour garer la bécane et d’un lit en dortoir, le tout pour une somme des plus modiques. De nos jours, les gîtes ont tendance d’offrir de plus en plus la demi-pension. Une fois le droit de séjour réglé, vous êtes libre d’organiser votre emploi du temps comme vous l’entendez. Celui qui ne veut pas faire de popote se restaure en cours de route. Celui qui ne veut se reposer que quelques heures s’en va sans autre protocole.
Les règles de la vie collective sont de rigueur. Avant de quitter les lieux, le randonneur remet le gîte dans l’état où il se trouvait au moment de son arrivée. C’est une pratique usuelle et un signe de déférence à l’égard du gardien ou du propriétaire.

Inconvénient ! Pour le randonneur pointilleux en matière d’hygiène, il est à conseiller qu’il ait prévu un drap portefeuille ou un sac de couchage avec lui. Sinon, il devra se contenter d’une litière et d’une couverture. Le gîte d’étape est à proscrire pour les petites natures qui craignent les petites bestioles et les machos qui ont l’habitude de se faire servir par une boniche. A ce sujet, il me souvient d’une anecdote qui vient bien à propos pour illustrer ce qui précède.


 

Gîte d'étape "Le Lastic" à Rosans

 

« On élit résidence à Savournon, le pays des brebis. « Le Petit Rat des Champs » est une ferme dont les propriétaires ont transformé la bergerie en gîte d’étape. Nos prétentions étant des plus modestes, on s’accommode à toutes les situations, même à des installations réduites à leurs formes les plus précaires. Ce disant, je reste courtois ! Jugez-en par vous-même !


«… Comme j’entrouvre la porte-fenêtre de la salle de séjour, une vaste pièce voûtée de forme ogivale, une escadrille de mouches s’invite et s’engouffre à l’intérieur du bâtiment. La chasse à la mouche est ouverte. Un moucheron se pose avec délicatesse sur mon crâne dégarni, tantôt me taquine dans le cou, tantôt se promène sur mon front en nage, tantôt s’empêtre les antennes dans la moiteur des poils de mes bras. Quand il en finit avec son numéro d’explorateur lymphatique, un de sa secte prend le relais musclé et, de ses grands airs, pique et me harcèle sans merci. Sans pitié. Un coup d’œil circulaire m’apprend qu’il n’y a pas de papier tue-mouches ni d’insecticide au gîte. Ça promet ! Pourtant des dizaines de cadavres gisent un peu partout à terre. Bizarre ! Zzz…zzz…zzz. Voilà qu’une petite drosophile hésite au-dessus de ma tête, plane, voltige, virevolte, se tortille et exécute un ballet où s’enchaînent tour à tour arabesques, pirouettes, battements, cabrioles et tours en l’air. Elle m’énerve. Son arrogance se joue de mes ripostes. Elle s’amuse. J’esquive, je feinte et au bout de l’envoi, je frappe. Bernique ! Elle me pique. Plus vive que moi, elle reprend du poil de la bête et s’échappe en émettant un bourdonnement crescendo de satisfaction. Zzz…zzz…zzz.
Le dortoir est contigu à la salle de séjour. Pièce identique à la précédente, meublée de quelques lits superposés, il y fait aussi sombre et aussi cru. Une crudité qui vous pénètre jusqu’au trognon. Brr ! Brr ! Qu’est-ce que ça va cailler cette nuit ! J’en ai déjà froid dans le dos. Dominique s’assoupit un moment ayant au préalable enfilé un survêtement.
Je m’installe en face de sa couchette. Vérification journalière et rangement de mon paquetage. Ce qui m’impressionne ici, c’est la relative absence de diptères. Tiens ! Tiens ! Voilà quand même un aspirant pilote qui se pointe. Il frissonne, bat maladroitement de l’aile et volette par saccades comme s’il traversait des trous d’air. Etrange ! Un autre spécimen de la même espèce souffre des mêmes symptômes. Zzz…z…zz… ! ! !
J’abandonne Dominique aux bras de Morphée et m’en retourne dans la salle de séjour. Et là, rebelote ! Une formation de moucherons se mobilise sur-le-champ et reprend aussitôt les hostilités. Sur ma droite, un commando de kamikazes se fracasse sauvagement dans un bruit sourd contre la porte vitrée. Les mouches deviennent de plus en plus agressives. D’une férocité égale à leurs cousins, les taons. Ces attaques incessantes me poussent dans mes derniers retranchements. De guerre lasse, je prends la clé des champs pour échapper un moment à leurs vagues d’assaut. C’est la seule tactique efficace qui m’est offerte pour contrer ces charges intempestives. Réticence de la porte d’entrée à se fermer convenablement. Entre-temps, des vols de moucherons continuent à faire la navette entre la salle de séjour et un tas de fumier de la ferme ! Quel régal pour un entomophage ! Quel festin pour un engoulevent !
Encore faut-il savoir que tout ce ramdam n’est qu’un hors-d’œuvre de ce qui nous attend.
Au bout d’un moment, je prends le taureau par les cornes et je m’en retourne dans la salle pour y faire une bonne flambée. Question de réchauffer l’atmosphère ! Comme il y a des bûches et du papier, pourquoi s’en priver !


Je me dirige donc vers le feu ouvert qui se trouve au fond de la pièce. Là, s’offre alors à mes yeux du jamais vu.. A trente centimètres au-dessus de ma tête, la voûte est noire sur une surface d’au moins dix mètres carrés. Ce que j’avais pris pour de la suie, ce sont des milliers et des milliers de mouches engourdies, inertes, agglutinées au crépi, rangées les unes à côté des autres comme un régiment de soldats au garde-à-vous. Effarante, cette armée de mouches en hibernation ! Si elles se réveillaient toutes en même temps, la pièce risquerait d’être rasée comme après le passage d’un nuage de sauterelles.
Le comble, c’est qu’on a pris nos repas sous ce ciel de mouches. Encore plus fort ! J’y ai roupillé deux nuits de suite, sous ce matelas à microbes parce qu’il faisait trop froid dans le dortoir. »

Quand je vous disais qu’il était indispensable de fermer les yeux de temps en temps !

Ainsi, il me revient encore que dans les Pyrénées…..
 


 

"Le Choucas Blanc" à Bedous

 

« Un bon copain de randonne m’avait fortement déconseillé « Le choucas Blanc », un gîte d’étape situé à Bedous sur la nationale qui monte au col de Somport. Les circonstances m’y contraignirent bien qu’il ait qualifié l’établissement de sac à puces. Son appréciation n’était qu’un pâle euphémisme. La cuisine croulait sous un monceau de vaisselle crasseuse. Crado à la puissance dix. Le tenancier des lieux affichait un faciès digne d’un dangereux détenu évadé des prisons de San Quentin, de Fresnes ou de Lantin. Pourtant, sympa et doux avec ça comme serin. J’y ai dîné. J’y ai même bien mangé. Avec appétit. Il suffit parfois d’un rien, de surmonter un dégoût, de passer l’éponge… »

Au cours de mes itinérances, j’ai souvent été amené à passer la nuit dans un gîte d’étape mais, curieusement, il ne m’a jamais été donné d’en retrouver deux pareils. Toutes les catégories de classe, de confort, d’agrément et de prix ont été passées à la moulinette : du taudis au mini palace avec télé et vidéo, voire le gourbi sympa comme une prison. Des annexes de ferme aux toilettes douteuses à des sanitaires super bath en faïence d’Italie. De la fromagerie désaffectée équipée d’une batterie de cuisine « nickel » à la grange « limite » où le couteau remplace la cuiller et la fourchette l’ouvre-boîte.

Le taux de fréquentation de cet hébergement est fonction de sa situation. En effet, dès qu’un gîte se trouve en bordure d’une nationale ou sur l’itinéraire d’un GR, le randonneur a intérêt de placer une réservation au moins quelques heures à l’avance. Par contre, en général, aucun souci de logement quand la bâtisse est située hors des sentiers battus.

A la différence de l’hôtel où la fonctionnalité des pièces doit répondre à des standards universels, la plupart des gîtes d’étape ont gardé leur caractère originel. A côté des bergeries aménagées, on retrouve des bâtiments de toute provenance : moulin, mairie, relais équestre, grange, annexe de château, école, fromagerie, maison rurale, etc. Certains logements ont été remis à neuf, d’autres sont équipés avec des meubles et du matériel de récupération.
On y rencontre une clientèle disparate, unique et qu'il est improbable de côtoyer dans une autre formule d’hébergement. Ainsi, il nous est arrivé de partager les locaux avec des enfants placés par le juge, des soixante-huitards toujours aussi revanchards, une famille avec des mômes en bas âge, des retraités en vadrouille, un jeune Allemand cuit et recuit comme une vieille frite, des randonneurs de tous poils. Quand on pratique la même religion, le courant passe plus facilement. Les veillées sont souvent trop courtes.
En outre, l’accueil du taulier est aussi rarement identique. Il peut être sincère, froid, indifférent, moche, chaleureux ou parfait. Aussi suffit-il à chaque fois d’une bricole pour que je me réconcilie avec ce genre de logis qui reste la formule qui répond le mieux aux frasques du randonneur.

Ainsi dans le Haut Doubs, je reçus un accueil chaleureux alors que je n’avais plus rien de commun avec un être civilisé. Une mélasse blanchâtre dégoulinait de haut en bas, devant et derrière, sur toute la surface de mon corps et disparaissait enfin au plus profond de mes godasses. Le responsable du gîte devança mon appel à l’aide. Il se chargea lui-même de rentrer les sacoches décolorées qui ruisselaient de dolomie et me conduisit aussitôt à la salle des douches. Nul naufragé de la pédale n’eut jamais droit à autant d’égards. Et toutes ces manœuvres eurent lieu dans un cadre superbe plein de convivialité. La salle de resto rendait hommage à la paysannerie franche-comtoise. De vieux outils, de superbes gravures, des meubles rustiques et une pendule étaient les témoins muets des joies et des drames du passé.
La cerise sur le gâteau de ce bivouac n’étant rien d’autre que le dessert proposé par la patronne, digne de damner un saint.
Tous ces services pour des prix modiques qui en font un hébergement accessible à toutes les bourses.
Cette même convivialité je l’ai retrouvée aux « Astragales » à Château Vieille Ville dans le Queyras où, cinq ans plus tôt, j’aurais déjà dû bivouaquer sans la douche écossaise de l’Assietta.


Par conséquent, ma préférence va au gîte d’étape pour la souplesse de la formule. Mais comme les itinéraires ne sont pas toujours jalonnés par le type de relais souhaité, le bon sens et surtout l’expérience m’ont enseigné a user une combinaison avisée des formules « bon marché » et « moyen à plus chic ».
 

bruffaertsjo@skynet.be

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