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Passionné je suis.
Passionné je reste.
Cyclotouriste anonyme, je soumets à votre critique quelques
impressions qui méritent, me semble-t-il, un bref instant de
réflexion.
Repris sous l'étiquette "individuel" à la F.B.C, je me
défends pour autant d'être taxé d'individualiste. Je
m'explique. Par "individualisme", j'entends un aparté total
par rapport à une société exerçant une même activité. Quant
à l'individuel, il préserve tout simplement son identité au
sein d'un groupe homogène dont les idées vont dans le même
sens. Nuance ! Bien entendu, cette définition s'applique en
matière de cyclotourisme.
Mais pourquoi donc "individuel" ? Un club , quel qu'il soit,
implique des contraintes. Un affilié se doit de participer à
la vie active de l'association. Cela se concrétise par des
réunions, des sorties en groupe, etc. Le clubiste, qui
s'écarte de cette philosophie, n'est ni plus ni moins un
individuel au sein de son club. Dès lors dites-moi quel sens
revêt encore l'utilité d'une affiliation ? Dans mon chef,
c'est la F.B.C qui fait office de club. Cela me suffit
amplement. Petite parenthèse. Une difficulté inhérente au
statut d'individuel est sans conteste le manque d'audience
dont dispose l'individu pour passer un courant d'idées.
Néanmoins mon choix est fait, je ne le regrette absolument
pas. Et pour cause. Mon compagnon est affilié dans un club
situé dans la banlieue bruxelloise. Or, bien que ce "fils du
pays" s'occupe de tracer l'itinéraire du brevet local, force
m'est de constater que sa participation à la vie du club se
limite à cette seule activité. Mais au fait y a-t-il
seulement autre chose ? Il est vrai, nous pratiquons un
cyclotourisme différent. En effet, chaque semaine sans
exception, nous partons à la découverte de nouveaux
horizons. Le temps maussade, la mauvaise saison, le lit
douillet : aucune excuse de désistement n'est recevable. Il
nous arrive de nous faire mal. Par contre la flânerie est
bienvenue. Quant aux visites, elles restent un must. Aucune
sortie n'est dénuée d'intérêt.
L'assiduité, la ponctualité, la tolérance, l'assistance
mutuelle et la passion du vélo sont les clés à la base de
notre amitié. L'un se veut le complément de l'autre, prêt à
reprendre le flambeau au pied levé et ce, dans tous les
domaines : sportif, humain et culturel.
Le cyclotourisme a connu son apogée dans les années 1970.
Aujourd'hui le produit ne se vend plus aussi bien. Que faire
alors d'un produit en perdition ? Soit, le retirer de la
circulation, soit l'améliorer ou le transformer. Cette
régression du cyclotourisme, au profit d'autres activités
sportives, peut être enrayée par l'esprit d'initiative de
nos dirigeants fédéraux, le dynamisme de nos organisateurs
locaux et la bonne volonté de tous les membres.
Aucun sport excepté la marche dans une moindre mesure, n'a
la faculté de combiner aussi harmonieusement l'effort
physique, la soif d'horizons nouveaux et l'enrichissement
permanent.
Créer, innover en matière de cyclotourisme n'est
certainement pas chose aisée mais quelques organisateurs y
parviennent et trouvent des formules originales. Pourquoi
pas les autres ? A l'instar de l'un ou l'autre club qui a
compris cette mouvance, il est grand temps de faire un
retour aux sources. Améliorer la qualité de notre
cyclotourisme : telle est la devise qui devrait animer tout
cyclo digne du nom. Et si déplacer des montagnes est un
travail de titan, et si la gent cyclo boude ce type de
randonnée, c'est tout simplement parce qu'elle n'est guère
prête pour cette mutation. Toutefois, une organisation
intimiste, confidentielle et exclusive n'a jamais été
propice à une émulation. De plus, les distances supérieures
à 150 km avec dénivelée permettent difficilement de combiner
l'effort physique et le tourisme. Le premier se fait
incontestablement au détriment du second. L'expérience nous
a démontré que 100 bornes suffisent amplement pour s'éclater
tout en restant frais comme un gardon. Nous les
inconditionnels du vélo, ne soyons pas égoïstes ! Je suis
convaincu qu'il est absolument indispensable de propager ces
idées si nous voulons que le cyclotourisme prenne une autre
dimension. Des membres attendent cette conversion. Tôt ou
tard. La qualité triomphera. Oh là ! Qu’avez vous dit ? Don
Quichotte ! Que voulez-vous, on en trouve partout. Que la
vie serait terne sans rêve, sans imagination ! Le vélo nous
apporte tant de joies. Par conséquent, il nous incombe de
jouer les bons apôtres et de persuader tout un chacun de la
formidable aventure que représente le cyclotourisme. Autre
réflexion. L'ascétisme est un mode de vie louable mais, me
semble-t-il, ne doit pas être une fin en soi pour le
cyclotourisme. Ne confondons pas cyclisme et cyclotourisme.
La gastronomie ne constitue-t-elle pas un des éléments
importants du tourisme ? Donc mangez et buvez ce qu'il vous
plaît du moment que vous observez les règles élémentaires
d'une vie saine. Je conclurai par un point qui me tient
particulièrement à cœur et pour lequel je m'inscris
totalement en faux. En mot, le délai imposé par les
organisateurs pour effectuer un parcours déterminé.Pourquoi
imposer un délai ? L'important n'est-il pas de participer,
de terminer l'épreuve dans les règles et de verser tout
simplement une nouvelle belle histoire à son répertoire.
Passionné, je suis.
Passionné, je reste.
Voilà ce que j'écrivais dans "Cyclo" au début de l'année
1986. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?
Au risque de surprendre, excepté deux détails, je maintiens
toutes les considérations énoncées d'autrefois.
Quoique notre amitié soit restée intacte, mon ami Frans et
moi pédalons à des endroits et à un rythme différents. La
plupart du temps, il carbure à fond la caisse en Flandre.
Quant à moi, je crapahute à la vitesse d’un crabe au sud du
pays. Comme les vitesses de croisière sont tout à fait
incompatibles, le bon sens plaidait pour la séparation de
notre duo. C’était le prix à payer si on voulait garder
notre estime réciproque. Aussi est-ce une bouffée d’air
frais à chaque fois que nos chemins se croisent ! Le temps
d'une parlote !
D’autre part, avec le temps, j’éprouve de plus en plus de
mal à m’extraire de mon pieu à la pique du jour. Quitte à me
scotcher même devant le PC quand le temps est à la pluie.
En quelque sorte, cela s'appelle la rançon de la "pei-e-ra".
La traduction s'obtient gracieusement chez l'auteur.
bruffaertsjo@skynet.be

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