José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

 

REFLEXIONS d’autrefois…

 
 

 


Passionné je suis.
Passionné je reste.
 


Cyclotouriste anonyme, je soumets à votre critique quelques impressions qui méritent, me semble-t-il, un bref instant de réflexion.
Repris sous l'étiquette "individuel" à la F.B.C, je me défends pour autant d'être taxé d'individualiste. Je m'explique. Par "individualisme", j'entends un aparté total par rapport à une société exerçant une même activité. Quant à l'individuel, il préserve tout simplement son identité au sein d'un groupe homogène dont les idées vont dans le même sens. Nuance ! Bien entendu, cette définition s'applique en matière de cyclotourisme.
Mais pourquoi donc "individuel" ? Un club , quel qu'il soit, implique des contraintes. Un affilié se doit de participer à la vie active de l'association. Cela se concrétise par des réunions, des sorties en groupe, etc. Le clubiste, qui s'écarte de cette philosophie, n'est ni plus ni moins un individuel au sein de son club. Dès lors dites-moi quel sens revêt encore l'utilité d'une affiliation ? Dans mon chef, c'est la F.B.C qui fait office de club. Cela me suffit amplement. Petite parenthèse. Une difficulté inhérente au statut d'individuel est sans conteste le manque d'audience dont dispose l'individu pour passer un courant d'idées. Néanmoins mon choix est fait, je ne le regrette absolument pas. Et pour cause. Mon compagnon est affilié dans un club situé dans la banlieue bruxelloise. Or, bien que ce "fils du pays" s'occupe de tracer l'itinéraire du brevet local, force m'est de constater que sa participation à la vie du club se limite à cette seule activité. Mais au fait y a-t-il seulement autre chose ? Il est vrai, nous pratiquons un cyclotourisme différent. En effet, chaque semaine sans exception, nous partons à la découverte de nouveaux horizons. Le temps maussade, la mauvaise saison, le lit douillet : aucune excuse de désistement n'est recevable. Il nous arrive de nous faire mal. Par contre la flânerie est bienvenue. Quant aux visites, elles restent un must. Aucune sortie n'est dénuée d'intérêt.
L'assiduité, la ponctualité, la tolérance, l'assistance mutuelle et la passion du vélo sont les clés à la base de notre amitié. L'un se veut le complément de l'autre, prêt à reprendre le flambeau au pied levé et ce, dans tous les domaines : sportif, humain et culturel.
Le cyclotourisme a connu son apogée dans les années 1970. Aujourd'hui le produit ne se vend plus aussi bien. Que faire alors d'un produit en perdition ? Soit, le retirer de la circulation, soit l'améliorer ou le transformer. Cette régression du cyclotourisme, au profit d'autres activités sportives, peut être enrayée par l'esprit d'initiative de nos dirigeants fédéraux, le dynamisme de nos organisateurs locaux et la bonne volonté de tous les membres.
Aucun sport excepté la marche dans une moindre mesure, n'a la faculté de combiner aussi harmonieusement l'effort physique, la soif d'horizons nouveaux et l'enrichissement permanent.
Créer, innover en matière de cyclotourisme n'est certainement pas chose aisée mais quelques organisateurs y parviennent et trouvent des formules originales. Pourquoi pas les autres ? A l'instar de l'un ou l'autre club qui a compris cette mouvance, il est grand temps de faire un retour aux sources. Améliorer la qualité de notre cyclotourisme : telle est la devise qui devrait animer tout cyclo digne du nom. Et si déplacer des montagnes est un travail de titan, et si la gent cyclo boude ce type de randonnée, c'est tout simplement parce qu'elle n'est guère prête pour cette mutation. Toutefois, une organisation intimiste, confidentielle et exclusive n'a jamais été propice à une émulation. De plus, les distances supérieures à 150 km avec dénivelée permettent difficilement de combiner l'effort physique et le tourisme. Le premier se fait incontestablement au détriment du second. L'expérience nous a démontré que 100 bornes suffisent amplement pour s'éclater tout en restant frais comme un gardon. Nous les inconditionnels du vélo, ne soyons pas égoïstes ! Je suis convaincu qu'il est absolument indispensable de propager ces idées si nous voulons que le cyclotourisme prenne une autre dimension. Des membres attendent cette conversion. Tôt ou tard. La qualité triomphera. Oh là ! Qu’avez vous dit ? Don Quichotte ! Que voulez-vous, on en trouve partout. Que la vie serait terne sans rêve, sans imagination ! Le vélo nous apporte tant de joies. Par conséquent, il nous incombe de jouer les bons apôtres et de persuader tout un chacun de la formidable aventure que représente le cyclotourisme. Autre réflexion. L'ascétisme est un mode de vie louable mais, me semble-t-il, ne doit pas être une fin en soi pour le cyclotourisme. Ne confondons pas cyclisme et cyclotourisme. La gastronomie ne constitue-t-elle pas un des éléments importants du tourisme ? Donc mangez et buvez ce qu'il vous plaît du moment que vous observez les règles élémentaires d'une vie saine. Je conclurai par un point qui me tient particulièrement à cœur et pour lequel je m'inscris totalement en faux. En mot, le délai imposé par les organisateurs pour effectuer un parcours déterminé.Pourquoi imposer un délai ? L'important n'est-il pas de participer, de terminer l'épreuve dans les règles et de verser tout simplement une nouvelle belle histoire à son répertoire.



Passionné, je suis.
Passionné, je reste.


Voilà ce que j'écrivais dans "Cyclo" au début de l'année 1986. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ?

Au risque de surprendre, excepté deux détails, je maintiens toutes les considérations énoncées d'autrefois.
Quoique notre amitié soit restée intacte, mon ami Frans et moi pédalons à des endroits et à un rythme différents. La plupart du temps, il carbure à fond la caisse en Flandre. Quant à moi, je crapahute à la vitesse d’un crabe au sud du pays. Comme les vitesses de croisière sont tout à fait incompatibles, le bon sens plaidait pour la séparation de notre duo. C’était le prix à payer si on voulait garder notre estime réciproque. Aussi est-ce une bouffée d’air frais à chaque fois que nos chemins se croisent ! Le temps d'une parlote !
D’autre part, avec le temps, j’éprouve de plus en plus de mal à m’extraire de mon pieu à la pique du jour. Quitte à me scotcher même devant le PC quand le temps est à la pluie.
En quelque sorte, cela s'appelle la rançon de la "pei-e-ra". La traduction s'obtient gracieusement chez l'auteur.
 


 

bruffaertsjo@skynet.be

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