José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

     
 

 
 

TONNERRE DE BREST !

 

L’exposé a pour objet de rectifier une croyance erronée qui circule encore actuellement parmi la gent cyclo. En effet, combien de cyclos, par temps d’orage, n’ont-ils pas l’intime conviction d’être en sécurité sur leurs vélos parce qu’ils se croient isolés grâce aux pneumatiques.
Errare humanum est.
Voyons plus tôt ce qu’il en est réellement.

Le phénomène proprement dit.

L’éclair est une gigantesque étincelle de décharge qui jaillit entre deux nuages. Quant au tonnerre, il en est le phénomène sonore (bruit de l’éclair). Or comme le son met un certain temps pour parcourir la distance qui nous sépare des nuages orageux, le bruit du tonnerre nous parvient toujours après l’éclair.

La foudre est un éclair entre la surface de la terre et la base du nuage (cumulo-nimbus). Cette décharge se produit lorsque l’air ne peut plus jouer son rôle d’isolant entre le sol de charge positive et le bas du nuage de charge négative (le sommet du nuage étant aussi chargé positivement).
A noter que les risques d’un foudroiement sur place sont supérieurs sur une butte ou sur un sommet que dans le fond d’une cuvette.
La foudre s’abat toujours sur le point culminant. Les hautes constructions, les sommets des montagnes et souvent, les arbres isolés peuvent rapprocher une partie de la charge du sol vers la base du nuage. Suite à la « compression » locale du champ électrique qui en résulte, ils constituent des lieux privilégiés ou la décharge se produit. D’autres points souvent atteints sont également les masses métalliques parce que les phénomènes d’influence se produisent d’autant mieux sur les corps que ceux-ci sont meilleurs conducteurs.
Mais entendons-nous bien, si tout ce qui précède est irréfutable, n’oublions pas que n’importe quel conducteur (et le corps humain en est un) peut attirer la foudre.
Quand il y a orage, il ne faut donc jamais s’abriter sous les arbres ni se placer à proximité de grandes masses métalliques (ex. : grille en fer). Il faut s’en écarter car le risque d’un contrecoup sera d’autant plus grave que le conducteur est important. Le risque est proportionnel à la distance d’où vous vous trouvez de l’arbre. A moins de 20 mètres, vous risquez de graves brûlures. Un éclair peut atteindre une puissance de 10.000 Volt et une température de 30.000° C.
Aussi, si vous vous faites surprendre par une telle secousse, il est peu probable que vous serez en mesure de nous raconter vos impressions. Et si vous en réchappez, vous n’en sortirez qu’avec des brûlures ou de graves séquelles (ex. : paralysies, commotions cérébrales, paralysies faciales). Cela dépend bien sûr si la foudre vous atteint directement ou si celle-ci s’abat dans un environnement immédiat.


Exemples


Près de Manchester, en Angleterre, 2 enfants s’étaient réfugiés sous un arbre pour échapper à la foudre. L’arbre présenta une cicatrice en spirale. Quant à l’un des enfants, une image parfaite de l’arbre fut imprimée sur son corps.
Certains événements furent même très étranges. En 1718, dans la marche de Pilnitz en Saxe, huit brebis furent frappées par la foudre. On voulut utiliser leurs cadavres pour la boucherie. Cela s’avéra impossible car les débris de leurs os s’étaient répandus à travers leur chair.

Quand y a-t—il danger ?

Il y a danger quand moins de 10 secondes sépare le tonnerre de la foudre. Le bruit se déplace à une vitesse de 300 mètres par seconde. Par conséquent, 10 secondes correspondent à une distance de 3 km.

Que risquez-vous en cas d’orage ?

a) la foudre s’abat directement sur vous. Il est plus que probable que vous n’aurez pas l’occasion de nous raconter la suite des opérations.
b) La foudre s’abat à proximité de vous. Si moins de 20 mètres vous sépare de l’impact de la foudre, une haute tension peut se développer à vos pieds et provoquer, si pas la mort, de graves brûlures ou des paralysies momentanées. Cette électrocution indirecte est un phénomène plus fréquent par rapport au précédent.

Situations à éviter

- s’abriter sous un arbre isolé, tout particulièrement sous une essence à larges branches tombantes.
- rester à proximité d’une haute futaie
- le sommet de montagne, de colline, de dune, etc.
- rester à proximité de masses métalliques qui peuvent transmettre la décharge de courant à plusieurs centaines de mètres de distance
- être allongé sur le sol.

Le bon réflexe

Quand un orage se déclare, cherchez toujours momentanément un abri.
- une habitation ou une maison isolée
- l’automobile classique est l’abri le plus sûr. En effet, la carrosserie agit selon les principes du cylindre de Faraday c’est à dire la cage extérieure se charge d’électricité et isole l’intérieur. Attention, les pneumatiques ne sont pour rien dans le phénomène d’isolation. A remarquer que les voitures en polyester ne bénéficient pas de ce principe
- forêt dense (toutefois écartez-vous de plus de 3 mètres des arbres à larges branches tombantes).

En résumé

Si un orage vous surprend en pleine nature (et si surtout moins de 5 secondes sépare le tonnerre de la foudre) :
1. Cyclo isolé

Ecartez-vous quelques mètres de votre vélo. Ensuite accroupissez-vous en joignant les pieds et en ceinturant les genoux de vos bras.. Faites-vous le plus petit possible.
Si une crampe vous démange, agenouillez-vous mais ne vous allongez jamais sur le sol. Vous augmentez les risques de danger.

2. Groupe de cyclos

Dispersez-vous ! Vous réduirez les dangers.
Exemple : aux USA, un troupeau de 504 brebis a été anéanti par un seul éclair.

3. La solution

Si vous êtes superstitieux, faites alors comme les Grecs de l’Antiquité.
« Ayez dans votre poche un œuf pondu le Vendredi Saint. Il vous protégera de la foudre »

Mais dans tous les cas, il vaut mieux vous réfugier dans une automobile. Il constitue le meilleur abri.
De grâce, n’allez pas en déduire que je prône le bien fondé de la voiture suiveuse. Bien au contraire. Mais pour une fois que l’auto est indispensable, soyons beau joueur !


 

bruffaertsjo@skynet.be

Autres Dossiers