José Bruffaerts       Ecrivain Public

 

 

 

Remerciements

Je tiens à remercier tous les confrères qui m’ont donné l’envie de publier cette chronique.
En effet, je me suis adressé à chacun d’eux par le biais des Monts de France pour leur demander expressément leur avis.
N’ayant reçu aucune réponse à mes différents courriers et fort du principe « qui ne dit mot consent », j’en déduis donc que la gent cyclo consent à la publication de « La Cravate et la montre » et a fortiori à ses dérives.
Qu’elle trouve ici l’expression de ma gratitude, de mon profond respect et de ma haute considération.

 

La cravate et la montre

 
 

 

Mierda de mierda ! Rien ne va plus !  Je me suis fait piéger comme un premier communiant en culotte courte auquel on fait croire que le bon dieu est né sur un pommier !Ou sur un pêcher, comme vous voulez !  J’arrête sinon on va me reprocher une fois de plus que je pèche que par trop d’esprit ! D’ailleurs, il est ultra temps que je potasse l’Ecclésiaste.  Cela me permettra de rester les pieds sur terre.  A force d’être encensé par un rare ancien poilu rescapé du siècle dernier, j’ai perdu le sens du prix de la benzine, de ma propre essence. Je me suis vu en tête d’affiche au Grand Prix du Con (qui) Court.  En clair, quel con je fais d’avoir pris mes désirs pour des réalités !  Pourquoi ai-je absolument ce besoin de vouloir partager mes sensations et mes aventures à mon entourage ?  Non-sens ! Stupidité ! Folie ! Ineptie, vaste comme un empire ! Pire !  Pourquoi ai-je lancé un appel à témoin dans les colonnes des Monts de France ?  Bullshit on the line !  Comment ai-je pu croire une minute que des confrères se casseraient le croupion à découvrir le point commun qui unit le titre de ma chronique à l’île de Majorque ?  Complètement à côté de ses pompes l’écrivain sans public !

Allez !  Attachez vos ceintures !  Il en faut pour tout-(à)-l’égout.  Quant à mon partenaire, je l’engage à découvrir l’énigme sous cette bannière. 


Sa Calobra

Mon nouveau statut de littérateur sans lecteur m’ouvre doré de l’avant toutes les latitudes !  Je peux donc sans complexe  tirer un bras d’honneur à l’ensemble des lecteurs qui sont logés aux abonnés absents. 

Bref ! C’est le moment de faire péter le bordel !  Mais, avant que je me mette à berdeler, munissez-vous d’un glossaire de cyclisme sinon vous pigerez que dalle et vous roulerez dans la pampa dès les premiers coups de pédale !
Pendant que vous y êtes, ajoutez-y les lexiques chti et parigot et merci d’avance de fermer les yeux sur mes écarts de linguistique !

Paré !  Ok ?  C’est parti, mon kiki ! 

A force de tricoter et de détricoter ma bafouille, j’en suis arrivé à perdre le fil de mes idées.  Oh !  Elles ne sentent pas l’acide !  Que du contraire, elles se mettent la selle dans le trou du cul !¹
Le problème, c’est que ça part dans tous les sens, sans queue ni tête.  Un mot adressé à un frère d’armes n’a plus rien à voir avec une tartine destinée à un peloton de tire-au-flanc-du-bic qui a du plomb dans les crayons !  C’est lui d’ailleurs qui a fait péter le plomb de mon sixième sens.  Par conséquent, vive les seins blancs comme le chante Michel Sardou pour tenir le bon cap dans ce manifeste pour dingues !
 

Hé oui ! Quelle connerie de ma part !  Comment ne me suis-je pas souvenu que les sujets de la petite reine préfèrent s’exprimer (-j’adresse mes plus plates excuses à ceusses qui commynisent (ou communisent) encore leurs ascensions héroïques) par des blancs entre les mots que par les mots eux-mêmes ?  Mais quelle idée de choisir le pire entre deux mots ?  Les blancs aussi, ça s’oublie ! On oublie tout, même quand il y a encore un coin qui nous rappelle !  Les voyages qui nous chavirent de paysages en paysages passent un jour à la trappe des radotailles.  Et puis les souvenances, c’est bon pour celui qui les possède, pas pour ceux qui les écoutent. En outre, au plus qu’t’essaies de te rafraîchir les méninges, plus le temps remet les breloques à l’heure pour mieux te couler dans un vortex sans retour.
Notez bien que pour lire une telle prose, vous devez casquer un max dans une bonne librairie qui a pignon sur rue, voire sur un éventaire d’un grand boulevard !

Ma parole !  Mon persiflage agace ?   Désolé, si vous ne me remettez pas !
Ne vous gourez pas, les mecs !  Ma supplique ne s’adresse qu’aux (é)mules du livre blanc.  Le même bouquin que celui des frangins !  Par contre, t’as intérêt chez eux à noircir les feuilles vierges de signes si tu veux éviter la mise à pied !  Est-ce que tu te vois trottiner à côté de ton char parce que tu as omis de mettre une croix à côté de ton nom sur la feuille de départ ? 
Ouf !  C’est pas le cas puisque nos associations sont libres de toute obédience. Heureusement, le sud attire davantage le cyclo que le Grand Orient !
Quant à mon humour, navré s’il passe mal !  


Coll dels Reis

Stop à mes carabistouilles sinon je vais finir par me taper la tête contre le guidon.  En effet !  Il eût été préférable de me jeter deux ou trois Mort Subite derrière la cravate au lieu de vouloir proposer un bouillon de culture accompagné d’une potée véloce qui pique brukselloise qui n’est apprécié que de son auteur. 

Y’avait beaucoup mieux à faire !  Je le reconnais !  J’aurais dû aller me faire pendre par la cravate sous d’autres « Ô Spice » !  C’eût été un succès garanti puisque les histoires d’Ô et de girls ont le chic, paraît-il,  de booster les neurones.  La voilà, la clé du bonheur, en l’eau cul rance, la potion miracle pour décoincer les constipés du bulbe !
Bye-bye les tord-boyaux !  Exit les Dulcolax, Regulamine et autre bouillie de flocons d’avoine ! Séné pas du bluff !  Je suis convaincu que ma formule fera un jour les choux gras de la pharmacopée.  Un remède qui me vaudra une reconnaissance éternelle de la gent féminine !  N’est-ce pas, mesdames !  Je reste à votre disposition pour vous fournir de plus amples débouchés !  C’est quand et où vous vous voulez ! 

Scheiße, voilà que je me remets à déraper ! 

En attendant, le pôvre Dominique n’entrave toujours que peau de balle et ballet de crin à nos escapades et à cette fichue cravate de m...
T’inquiète m’fi, je m’en vas te le bonnir le sésame qui te donne accès au pays des merveilles de Schéhérazade ! 


L'affreux jojo en pleine décontraction
 

Souviens-toi !  Il y a quinze ans déjà …

Nous n’étions déjà plus si jeunes, ni si fiers mais nous avions la frite et les pentes ne nous faisaient pas peur.  Aucune !  Qu’est-ce qu’on s’en jetait dans le col ! 

-Bonjour, chef ! Un grand crème, un demi, siouplait !
-Garçon ! svp !  Vous nous remettez la même chose !
-Alors, ça vient !  Qué bièsse ! Tu t’rin compte, oser me faire      poireauter, moi un boit-sans-soif ! 

Ensuite, notre duo collait à la route comme une paire de caricoles.  Tant et bien que ni l’un ni l’autre n’a jamais battu le record du millimètre ! (Ça, c’est un emprunt à Alfred Jarry !)  A notre décharge, on y bave encore et toujours sur le bitume d’Apollonie !  Avec ou cent demis sans faux col ! 

Ce jour-là…

Toi, tu étrennes Majorque, moi je connais à peine !  Passons l’avalanche d’avatars qui nous ont fait ch… tout au long de ce périple.  Le genre de sac à nœuds qui ronge les foies de l’un et qui bouffe le frein de l’autre !  Cette belle métaphore, je t’autorise à la resservir. C’est du pur jus maison cent pour cent !
Dès le premier jour, mon journal de route fait état du chamboulement intervenu dans l’itinéraire. Par contre, aucune de trace de ta conviction qui assure que les non ascensions de la Corbata et du Sanctuaire de Sant Salvador aient été les conséquences directes d’un remaniement de parcours de dernière minute.


Coll dels Reis 

Quoi que tu en penses, rajouter ce jour-là un rab de 30 km et 1000m de dénivelé entre Soller et Pollença eût porté la distance de l’étape à plus de 130 km et un dénivelé au-delà de 2800m.  En plein carnaval, à la mi-février, par temps glacial, sans voiture-balai et chargés comme des mulets !  Un aller-retour pour épingler un cul-de-sac !  Non !  Espère !   Plein le cul à vélo ?  Non, ça jamais !  Comme Montaigne, je passerais ma vie avec mon cul sur une selle mais aller à Crevant, je t’en prie, passe devant !
Je veux bien plastronner, frimer, coq-ricoter, mais dans le cas présent, le tas de fumier est un peu trop haut !  C’est pas encore demain la veille que mon ego va se mettre à dégouliner à flots sur ma cravate.  Quant à l’épisode du sanctuaire, c’est du bis repetita à la Corbata !
Maintenant mon frère, si tu as envie de pousser ta propre chansonnette coucouricou du haut du sommet vacant, ne te prives pas et ne te gênes pas d’arroser le pourtour d’une miction maison non « sans urée » !  

Au fait, maintenant !  Il est temps de revenir à l’essentiel du propos sinon je risque de te promener sur mon porte-bagages jusqu’à la nuit des temps ! 

Dernière recommandation !

Serre bien cette chronique parce que c’est un scoop qui vaut un pactole d’ordures que les tamponnés vont s’arracher un jour à prix d’or !

En vérité, le titre s’est imposé tout de go.  C’est un piqué-collé du poème éponyme de Guillaume  Apollinaire. cf. www.cyclojose.be/Bicycleinmotion.html
 

Il a beaucoup de chance le Wilhelm Albert Wlodzimierz Aleksander Apolinary Kostrowicki.  Le coup de génie, c’est pour bibi, puisque grâce à moi, son poème a toujours la pêche un siècle après sa mise en circulation. 

Etude comparative !  (A considérer avec beaucoup d’indulgence parce qu’elle est à la base d’un irréversible trouble ps(i)chitt qui a fait imploser le QI de l’auteur !) 

Similitudes et différences entre les deux chefs-d’œuvre ! (La cravate du poète et le pis-aller sans retour du rimailleur) 

Les sujets sont identiques ; les époques, les lieux, les situations et l’action sont différents, mais, en fin de compte, le résultat est identique.

Que tu participes à Paris-Camenbert  ou à un cheese rolling, la bise de la miss est kif-kif bourricot.  En clair, on se trouve en présence de deux parcours situés aux antipodes pour le même bouquet de fleurs à l’arrivée. 

Comme la cravate d’Apollinaire est inscrite au patrimoine de l’UNESCO et que sa montre indique douze plombes moins cinq, il attendra bien cinq broquilles pour que je puisse développer mon point de vue sur la Corbata.  Honneur à l’aboyeur !  Trop aimable !  Plus rien à votre service, chef !  

Voilà un site qui n’a pas volé son nom.  Le lieu-dit est situé à Majorque dans les Îles Baléares, repris sous le matricule 476 dans le BIG. C’est une route à lacets qui serpente sur près de 10 km et qui décrit en vue du sommet une boucle à 270 degrés qui ressemble à deux gouttes d’eau à un nœud de cravate, d’où son appellation.  CQFD !


Nu de Sa Corbata

Acrophobes s’abstenir !  Le chemin prend son envol à Sa Calobra, un cul-de-sac, au pied d’une aride Sierra Tramuntana, où la mer s’éclate sur le rocher.  En saison estivale, cet accès à la mer doit être infernal.  Un peu à l’image du Pas de la Case quand la France entière s’en va faire du shopping un dimanche matin à Andorre !  Un endroit de rêve où les uns se dépêchent de choper (ou shopper) en duty free de quoi alimenter un futur chou-fleur des soufflets et où d’autres se ruent sur les bibines et fortifiants vivement recommandés pour développer une « épat’-t’i-sait  » ou embellir une « c’rise rose » du foie.  On a la foi ou on ne l’a pas !
Et puis il y a ceux qui ne se posent pas la question et qui dévalisent, comme des malades, tout le stock des « ventas » à ne plus pouvoir fermer le coffre de leur tire.  C’est ti pas beau c’la, se payer la crève en duty free !  Et quel bonheur quand tu te trouves coincé à vélo entre deux bagnoles, à deux lacets du col, t’as droit à un remake d’Apocalypse Now, un festival inédit de « Jurons et Poussière ».  Un carrousel, que dis-je, un cloaque de têtes à claques !  Un supplice de Ravaillac !  Le tout écrasé sous une chape de fumaga pestilentielle.   Et ça, c’n’est pas un suppositoire parce que la vérité dépasse carrément la fiction.  En voilà un (de suppositoire, of course) qui vaut son pesant d’or en sonnettes trébuchantes !

Quoi qu’il en soit, ce long serpent d’asphalte qui s’échappe du bord de mer entre les éboulis et par des combes où s’engouffre le vent venu du large, est un ouvrage d’art spectaculaire qui force l’admiration !  Mais, quand Eole s’écrase la tête contre le rocher, bonjour les écorchés !  Pas l’ombre d’un refuge pour se mettre à l’abri !  Aussi, si ta casquette met les voiles à ce moment-là et que tu tentes de la récupérer, te voilà cravaté en loucédé.  T’es juste bon à mettre le clignotant !  Et cette fois-ci, c’n’est pas des boniments, n’est-ce pas Clément !  Toi, qui a su faire le jacques en t’offrant le scalp de « Riri 3 », la joyeuse pédale qui bille bouc quêtait avec ses pignons !

Tu vois nin le rapport ?  Hé !  Té n’vas pas t’laicher abbatte ?    Ne coupe surtout pas…appelle Maillot 38/37 ! 


Coll dels Reis

Cinq cents mètres après la Corbata, le chasseur de cols épingle en prime le Coll dels Reis qui tranche le rocher de la crête sommitale.  Muy viento ! 

C’est un endroit remarquable et unique qui catapulte le cyclo-grimpeur à une altitude équivalente à celle du toit de la Belgique et ce, en moins de temps qu’il faut pour l’écrire !

Bref ! la Corbata, même avec montre en main, ça n’est que du bonheur ! 


Dominique en superviseur au sommet du col (692m)

Les cinq minutes sont écoulées.  Time !

Place à la cravate de l’Apo !  Elle est d’une toute autre nature.  A l’inverse de la Corbata, je la situerais plutôt dans un paradis  artificiel. En plus, son calligramme est à lire entre les lignes ce qui eût été un jeu d’enfants pour les constipés des neurones qui, présentement, passent bel et bien à côté de la montre en or.  De plus, avec cette cravate-là, stop à toutes les occlusions !   L’étrangleuse de l’apôtre véhicule en effet toute une symbolique qui renvoie à l’expression de la cravate de notaire dont l’interprétation ne fait pas l’unanimité parmi les secoués du bocal !  C’est à dire les pros de la caisse enregistreuse qui s’en mettent plein les fouilles au fur et à mesure que tu berdouilles et cafouilles allongé sur un divan !  Voilà au moins un bon placement à amortir ses ronds ! 

Sans entrer dans le détail, la cravate fait allusion à la surdimension des nœuds. Petit nœud ou double nœud, même combat ; même con bas ! !    Du moment que le costumé ait la foi !

« Ara ! »²  et maintenant feu vert comme l’autorise la coutume pour brocarder un individu qui exhibe une cravate bien pendante, signe ostentatoire signifiant « c’est moi, le maître queue de céans ».   A l’époque de Guillaume, la cravate et la montre sont assurément les deux signes extérieurs de richesse qui posent son personnage surtout quand il se présente au lupanar.  Un lieu d’aisances où les minutes sont chèrement comptées d’où l’intérêt d’avoir une tocante sur soi.
En dernier ressort (attention, il est usé !), inutile de cogner le mur puisque le poète claironne en lettres capitales qu’il s’amuse bien !  Et, c’est inscrit en toutes lettres dans le remontoir de la montre !  À chacun sa théorie !  À chacune son interprétation ! 

Maintenant le port de la montre ne veut pas dire charrette.  Je connais des phénomènes qui n’en portent jamais et qui ne s’en portent pas plus mal !  Itou pour la cravatouze !  Tout n’est pas une question de flouze ! 

Quant au déplumé de ce poulet faisandé, il ne lui reste plus qu’à trancher dans le lard de la tête de noeud !  Aïe ! mon scoubidou !    Te rappelles-tu des années scoubidou-bidou Ah ! Des pommes, des poires, oui !  Hélas, à l’époque du beau Sacha, mon péché mignon, c’était le ballon rond !  Du coup, je me suis offert une magistrale fausse queue !  Sans commentaire !  

Dans  le cas de figure qui nous occupe, nous avons affaire en l’occurrence à un coup de cul qui procure du bien-être, je peux donc avancer sans risque que les deux disciplines cueillent la fine fleur au jour le jour ! 
Pour ceusses qui se plaisent à pédaler dans la choucroute, je fais référence au jardin d’Épicure parce qu’il n’y a pas d’Epire que notre dada.  Ça monte et ça descend sans arrêt.   Ça va, ça vient !  Que ça fait du bien !  Surtout quand tu t’éclates sur un faux plat !

Maintenant, libre au lecteur de me qualifier d’égreneur de rimes à cravate douteuse !  Tout compte fait, je préfère endosser cette étiquette peu flatteuse que celle d’un critique qui se dissimule en permanence derrière une crampe d’écrivain. Attention, méfiez-vous !  Un fraudeur en col et cravate peut en cacher un autre !


Puig des Mila


Après cette digression bigarrée, je m’en voudrais de passer au bleu le sanctuaire de Sant Salvador (Big n°479).  Situé à proximité de la municipalité de Felanitx, la ville natale de Guillermo Timoner, un sextuple champion du monde de demi-fond professionnel.
L’accès au couvent est une ascension qui se monte au train, sans difficulté majeure, et qui gratifie le touriste d’un panorama sublime depuis le Puig des Mila (460m).   Majorque s’affiche et se prélasse aux pieds du visiteur.  Une grimpette différente de la Corbata mais qui vaut indiscutablement sa décharge d’adrénaline !


Sanctuaire Sant Salvador

Voilà ce que je comptais raconter aux braves réfractaires à l’écriture.  Quant aux précisions concernant BIG et MdF, les détails resteront serrés dans la boîte de Pandore.   

Comme l’arrivée se pointe en bout de ligne, c’est le moment de cracher le morcif.  En dépit du bourdon que j’éprouve pour les victimes du syndrome du canal carpien,  je ne leur tiens pas trop rigueur d’adhérer à la secte du stylo Parker sans réservoir !  Déboucher un canal, ça relève d’un certain savoir-faire !  Stop !  Je sais, je sais !  Je connais Destop ! (Pub gratuite !) Liquide, soude, turbo, Javel, deux actions, que du bonheur ! Mais la manipulation du produit reste délicate !  Nez en moins !  Avec y nia ka, tout est possible ! (En promo chez l’auteur jusqu’à épuisement du stock !)  

En général, une chronique n’a rien de captivant.  Ni de troublant car jamais de trace d’un superamant encombrant ! Ce simple journal, qui rend servilement compte d’une suite d’événements dans un ordre chronologique, est souvent barbant à lire.  Quand une de mes salades d’autrefois me tombe par hasard sous la main, j’ai du mal à croire que je sois l’auteur de tant de mièvrerie, de chipolata au kilomètre sans la moindre loupiote d’une Fiat (de) Lux !  Même présentée sous un chic emballage à vide !  Beurk !
A s’t’heure, c’est du kif mais avec un peu plus de justesse dans les accords. Et encore, mi amore !  Moins de vent !  Juste un peu plus d’air de der !  Salut, de kost en de wind van achter ! ³
 

Quoi que le peuple en pense, la chronique est un genre littéraire mineur qui ne requiert aucun besoin d’imagination, ni de fantaisie.  Qui que ce soit devient chroniqueur à la petite semaine puisqu’il n’y a qu’à relater un épisode vécu dans un style objectif  sans procéder nécessairement à une analyse ni à une interprétation des faits.  Le « je » est la star incontestée qui tient le haut du pavé !  Pas de moralité, pas de sentence, pas d’épilogue ! À la semaine des quatre jeudis, on a droit à un commentaire circonstancié sur un des points de suspension !
Voilà une prose simple comme bonjour !  Rien de plus facile !  A se demander pourquoi une répulsion de la part des cyclistes  à prendre la plume !  A moins que cette hostilité soit beaucoup plus profonde et qu’il faille l’inclure parmi les maladies professionnelles !  Attention ! Où il y a  gêne, ça peut devenir congénital et chronique ! 

Cette assertion confirme mon sentiment qu’une chronique n’intéresse que son auteur.  Même si le mec ajoute une pointe d’humour ou d’épopée, il n’en fera jamais une chanson de geste.  Même s’il joint la parole au geste ! 

Existe-t-il un remède à cette problématique ? 

Oui et non !  Le roman-photo reste probablement la meilleure solution pour redonner une nouvelle jeunesse à ce genre de littérature.  En effet, afficher un trombinoscope accompagné d’une légende minimaliste, voilà la formule du succès puisque, très souvent, le lecteur scotche son attention sur une photo dans l’espoir de tomber sur une tronche connue !  Une bielle louloute ou un bieau biclou, c’est itou !  Le texte, il s’en fout !
Une photo, ça ouvre toujours une perspective !  Ça t’en bouche même un coin des fois !  Surtout au conjoint, parfois !   

Quoique je fasse de la résistance à cette manière de s’exprimer, elle reste un moyen efficace pour combattre l’oubli !  L’oubli de quoi ?  De soi !  Pourquoi pas ?



Honni soit qui mal y pense !  Y’a pas de suspense !
Je n’ai pas l’intention de refaire le monde ! 

Alors pourquoi tout ce cirque, vas-tu me rétorquer ? 

La réponse est bête comme chou.  J’aime la magie des mots.  Sans doute pour travestir le génie de ma médiocrité.  L’écriture est un exutoire qui me donne le plaisir d’évacuer mon verbiage quotidien qui plafonne à une centaine de mots à tout berzingue.  Excepté bien entendu le merde conjugué à tou(te)s les modes et à tous les temps !  Sur tous les tons, dans toutes les langues !  Partout !  En roulant ! En râlant ! En rayonnant !  En pédalant !  Même les pieds devant quand une ultime perlouze s’échappera pour embaumer ma bière !  Je merde à tous vents !
En langage décrypté, c’est le mot charnière sans quoi toute ma dialectique tombe à plat !Voilà, suis-je assez clair ? 

C’est la raison pourquoi j’adore distiller les mots à la lambic !
Un bon conseil !  Consommez toutes les Mort Subite avec modération, sinon bonjour l’arrière-boutique !  Une astuce conseillée par l’auteur pour assurer un transit express et croyez-moi sur parole, si vous n’entravez que pouic ! 

De grâce, ne m’infligez pas la fourche d’hérétique mais accordez-moi plutôt la cravate de commandeur comme le fit en son temps la Fédération belge de Cyclotourisme qui estima que mes loufoqueries valaient bien la rubrique des « chiens écrasés » de sa revue. 

La messe est dite ! J’arrête mon char. Illico mais sans gratter de presto !   Y nia plus ka ajouter une ou deux misères à cette galère et ma chronique va se prendre une gamelle et tourner en une affreuse « ça tire » ! 

Pire !  Si je me masturbe le cigare, les mains bien accrochées aux cocottes, je suis fichu de vous rédiger une comédie, qui une fois honorée, réduira celle de Balzac à une triste « Peau de chagrin », et ce, rien qu’en compilant une armada de blancs, de temps morts et de silences, ponctués ça et là, d’un point d’exclamation chimérique ! 4

Cet exploit me permettra de rejoindre, voire de battre tous les encombrés du citron de plusieurs longueurs.  Alors là, bingo et tapis rouge ! Tu t’rin compte le pas de géant que je fais faire à l’humanité !  A la littérature en particulier !  Une grammaire sans orthographe, ni syntaxe, ni discours.  Finit d’accorder les participes, de jongler avec les verbes.  Grévisse à la poubelle ! L’écriture à la portée de tous !  Des hommes de toutes les couleurs !  Le nivellement scolaire sans haut ni bas !  L’échec scolaire éradiqué à tout jamais.  A se demander pourquoi nos responsables n’y ont jamais pensé ! Pourtant, ces gens-là, Monsieur, savent pertinemment qu’une masse populaire, qui est claquemurée dans l’ignorance, est plus aisée à manipuler qu’une chiée de zigs qui s’amusent à phosphorer.

Au cas où vous voulez rajouter un commentaire …n’hésitez pas à tuber Maillot 38/37 !  Il sera répondu à votre question dans les plus brefs délais !  Merci d’avance !

Enfin, je la décroche la timbale !  Me voilà propulsé en haut de mon tas de fumier !  Inespéré, non, ce coq tel maison pour un Chantecler de ma lignée !  Cocorico ! Je mirliflore enfin toutes plumes dehors ! 

Des clous !  Des nèfles !  Couille berdouille sur toute la ligne, ouillouillouille ! 

Vise un peu l’économie de papier, d’encre et de … phosphore que réalise l’écrivaillon en panne de carburation !  N’est-ce pas lui le plus sage parmi les plumitifs !  Grâce à sa passivité, la planète se remet à respirer !  Seulement, avant d’écrire du silence, faut s’être montré brillant.  Avoir fait ses preuves en écriture. C’est pas donné à tout le monde l’art d’insuffler du tonus à des silences !   Même si la vraie discrétion, ce sont des mots qui se taisent.  

Punaise !  Je  crève ! Penses-tu !  C’est un mauvais rêve, tout s’oublie quand le coq javanaise…

Assez, pontifié !  Je retourne à mes aises auprès de mes petites araignées qui, elles, me comprennent toujours sans piper mot !

« Le pouvoir n’appartient pas à celui qui prend la parole,
 mais à celui qui parvient le plus longtemps à se taire ».

 

¹ jargon cycliste : prendre les choses en mains, sans jeu de mots !
² patois flamand : «Voilà ». A ne pas confondre avec un bel emplumé !
³ patois anversois : « Salut et que tout aille bien ».  Avec une nuance supplémentaire :
  avec le vent dans le dos, le congénère sera plus vite hors du champ de vision !
4 Faut un minimum d’instruction pour piger.  Ne restez pas planter ! Go, go, go !

 

Mars 2014

 

bruffaertsjo@skynet.be

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